Date de sortie en salle : inconnue pour le moment
Distribution : Sony

Réalisation : Romain Daudet-Jahan
Scénario : Romain Daudet-Jahan, Émilie Dubois
Acteurs : Jules Lefebvre, Lucy Loste Berset, Mamadou Haïdara

 

https://www.facebook.com/ParasomniaProd/videos/vid%C3%A9o-projet-kyma/1012845256330912/

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https://www.imdb.com/fr/title/tt34809883

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1000012952.html

 

Dans le cinéma de science-fiction français, Kyma surgit comme une bouffée d'air frais et surprend avec son aventure qui se déroule en pleine campagne. Ce premier long-métrage de Romain Daudet-Jahan, second opus du label Parasomnia après « 37 » présenté l’année dernière lors de la première édition du festival Mauvais Tours (lien chronique), transforme un village d'Anjou en zone fantastique intime et sonore. Avec un budget serré d'un million d'euros et un tournage éclair de 24 jours, le réalisateur Romain Daudet-Jahan et sa co-scénariste Émilie Dubois, tous deux enfants des années 80, canalisent leurs passions communes pour livrer une œuvre qui célèbre l'imaginaire sans artifices superflus. Loin des invasions cosmiques tape-à-l'œil, le film invite à une rencontre avec l'inconnu tapi sous nos pieds, où le quotidien rural devient le creuset d'une aventure initiatique, écho subtil aux classiques qui ont marqué toute une génération.

La mise en scène de Romain Daudet-Jahan excelle dans sa simplicité rusée, transformant les contraintes en vertus narratives. Les plans étirés capturent les mouvements des personnages dans des espaces familiers, instillant une étrangeté progressive sans recourir à des effets visuels coûteux. Cette économie force une créativité qui rend l'invisible omniprésent, particulièrement à travers le son, élevé au rang d'élément visuel. La Kyma, cette entité intraterrestre née d'ondes acoustiques, n'apparaît jamais vraiment à l'écran ; c'est le design sonore qui lui donne forme, une présence palpable. Des vibrations induites par des outils concrets, comme un vibreur de béton ou des plaques vibrantes, font trembler les objets, créant un effet optique hypnotique où le son se matérialise en ondes déformées. Ce travail méticuleux, fruit d'une collaboration intensive, évoque une créature vivante, organique qui pulse dans l'air et les murs. Le film rappelle les pionniers du fantastique des années 80 qui utilisaient le son pour amplifier l'invisible.

Le scénario tisse une trame narrative fluide, centrée sur un trio d'adolescents en marge, naviguant entre innocence et responsabilités naissantes. Tony, obsédé par le sauvetage d'animaux blessés, projette sur la Kyma son propre besoin de guérison, apprenant à lâcher prise pour permettre à la nature de reprendre ses droits. Ses compagnons, Zoé, une jeune rebelle et Ousmane, un passionné d'équidés sorti d’un foyer de banlieue, forment un ensemble décalé, leurs interactions naturelles soulignant des thèmes d'appartenance et de perte, comme la disparition paternelle. Le film évite les clichés pour privilégier des silences chargés et des dialogues spontanés, modernes, construisant une fable écologique où la Kyma, imprévisible comme un fauve ou une tempête, grandit en puissance au fil des interactions humaines, passant d'élément vulnérable à force incontrôlable.

Les performances des acteurs jeunes et expérimentés insufflent une authenticité vibrante, capturant l'essence de l'adolescence avec une belle alchimie. Tony, en particulier, est incarné avec une vulnérabilité touchante, ses gestes envers les animaux ajoutant des touches de tendresse. 

Techniquement, la photographie baigne les paysages angevins dans des tons terreux et froids, renforçant l'atmosphère immersive, tandis que la bande sonore, au-delà de la créature, intègre des ambiances naturelles pour une immersion totale.

Kyma rend un hommage poignant aux films fantastiques initiatiques des années 80, ces aventures de Steven Spielberg, (avec toute l’humilité d’une équipe française qui n’avait qu’un budget d’un million d’euros) où des jeunes ordinaires affrontent l'extraordinaire dans des décors quotidiens. En optant pour des intraterrestres sonores plutôt que des extraterrestres visuels, Romain Daudet-Jahan réinvente le genre, soulignant l'héritage SF français trop souvent sous-estimé, de la littérature aux bandes dessinées. Ce film vous emmène à côté de chez vous, pour découvrir un imaginaire né de l'ingéniosité collective. Kyma laisse une résonance durable, qui vous invite à percevoir le monde à travers ses vibrations cachées, et confirme le potentiel d'un duo créatif Romain Daudet-Jahan et Emilie Dubois, prêt à explorer de nouveaux horizons.

 

Tiphaine et Xavier

Pour lire les questions d'après projection suite à la séance du 17.10.2025 du Festival Mauvais Tours : lien ici

lien interview Romain Daudet-Jahan et Emilie Dubois :

Pour télécharger l'interview : 17.10.2025-Romain.Daudet-Jahan_Emilie.Dubois.mp3