Date de sortie : 20.11.2024
https://www.sonypictures.fr/film/37-lombre-et-la-proie
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=317233.html
https://www.imdb.com/title/tt33047906/
Réalisation : Arthur Môlard
D’après une idée originale de : Arthur Môlard
Scénario, adaptation, dialogues : Arthur Môlard et Claire Patronik
Produit par : Marc Missonnier
Une production : Moana Films, Sony Pictures Entertainment France
Productrice exécutive : Christine de Jekel
Producteur Associé : Rodolphe Bouquet-Populus
Acteurs : Guillaume Pottier, Melodie Simina, Agnès Sourdillon, Arnaud Churin, Christophe Vandevelde, Ary Gabison, Sandra Macedo, Lisa Perrio
Film présenté en avant première dans le cadre du Festival Mauvais Tours 2024 : https://mauvaistours.com/
Trente-Sept, réalisé par Arthur Môlard et produit par Parasomnia Productions, est une véritable révélation du cinéma de genre français. Conçu avec un budget modeste d’un million d’euros, ce thriller psychologique parvient à captiver grâce à une tension maîtrisée, une réalisation précise et un jeu d’acteurs remarquable. Arthur Môlard livre un film aussi oppressant que fascinant, où chaque minute est un crescendo de suspense.
Dès les premières scènes, le film nous embarque dans une atmosphère pesante et mystérieuse. Vincent, chauffeur-routier fatigué, croise la route d’une auto-stoppeuse énigmatique, jouée par Mélodie Simina. Le duo porte le film avec une intensité forte. Cette femme enceinte, aussi instable que fascinante, a un côté vénéneux qui vous plonge aux côtés de Vincent dans un huis clos à ciel ouvert, où les tensions psychologiques deviennent explosives. Tout ou presque se déroule dans la cabine du camion de Vincent. Si le camion se déplace. Les acteurs sont eux captifs de ce lieu confiné. La rencontre entre ces deux personnages prend rapidement la forme d’un jeu pervers et imprévisible, où la menace plane constamment, mais sans jamais révéler toutes ses cartes. Ce n’est qu’à la toute fin que le film dévoile sa véritable nature. Vous serez abasourdis par la tournure des événements.
Ce qui distingue Trente-Sept, c’est son incroyable gestion des décors et des scènes extérieures. Tourné principalement dans la région parisienne, le film exploite de manière judicieuse les paysages naturels et des lieux comme le restaurant routier ou l’intérieur du camion, créant une sensation d’isolement. Les décors, bien que simples, sont utilisés de manière à vous immerger dans cette course folle. Vous êtes littéralement embarqués dans cette aventure de survie, cette fuite en avant, pris au piège dans ce huis clos roulant où chaque arrêt pourrait être fatal.
La création de Parasomnia Productions, sous la direction de Marc Missonnier et en partenariat avec Sony Pictures, a permis à Arthur Môlard de réaliser son premier long métrage. Ce partenariat, pensé pour soutenir des films ambitieux avec un budget restreint, a permis à Trente-Sept de prendre forme tout en respectant ses contraintes financières. Arthur Môlard, loin de se laisser freiner par le budget, a au contraire utilisé cette limitation comme une force, en optimisant chaque élément pour ne garder que l’essentiel. Ce travail méticuleux se reflète dans chaque scène, que ce soit dans les choix esthétiques, les dialogues, etc
Les acteurs, particulièrement Guillaume Pottier dans le rôle de Vincent, livrent une performance solide et convaincante. Guillaume Pottier incarne un routier usé par la vie, dont le calme apparent se craquelle au fil des minutes sous la pression de la situation. Mélodie Simina, quant à elle, brille dans son rôle de Trente-Sept, jouant sur les nuances de son personnage pour maintenir l’ambiguïté et l’instabilité qui caractérisent le film. Leur dynamique est à la fois explosive et captivante, où les silences et les non-dits en disent souvent plus que les dialogues eux-mêmes.
Un autre point fort du film réside dans sa bande originale, composée par Andrea Boccadoro. La musique, discrète, mais toujours présente, accentue l’intensité des scènes sans jamais en faire trop. Le compositeur a su créer une ambiance sonore qui épouse parfaitement l’atmosphère du film, renforçant à la fois la tension et le sentiment de désorientation. Les moments de silence, quant à eux, sont utilisés de manière intelligente, offrant des pauses qui ne font que mieux préparer les explosions de violence ou de peur qui suivent. La bande-son devient ainsi un personnage à part entière, jouant avec les émotions du spectateur.
L’esthétique visuelle du film est un autre point qui mérite d’être souligné. Dino Franco Berguglia, directeur de la photographie, a opté pour une palette de couleurs crues et des cadrages serrés qui renforcent la claustrophobie ambiante. Les scènes nocturnes, souvent éclairées par des phares de camions ou des lumières de bar isolé, créent une atmosphère à la fois oppressante et immersive. Le travail sur l’éclairage, tout en contrastes, permet de plonger les personnages dans une sorte de purgatoire visuel, où la lumière et l’obscurité jouent un rôle central dans la narration.
Enfin, ce qui fait la force de Trente-Sept, c’est sa capacité à surprendre. Le scénario, coécrit par Arthur Môlard et Claire Patronik, joue sur les attentes du spectateur en le plongeant dans un thriller qui prend des allures de jeu du chat et de la souris, avant de révéler progressivement un propos bien plus profond. Le film bouscule par son fond autant que par sa forme. Ce n’est qu’à la toute dernière minute que le véritable propos de l’histoire éclate au grand jour. Ce qui offre une fin aussi inattendue que bouleversante. Ce film est une réflexion subtile sur la survie, la culpabilité et les rapports de pouvoir entre les individus.
Trente-Sept est un tour de force du cinéma de genre, à la fois intense, maîtrisé et bien réalisé. Avec des moyens limités, Arthur Môlard réussit à livrer une œuvre qui n’a rien à envier aux productions plus imposantes. Entre ses acteurs brillants, sa bande-son et sa montée en puissance narrative, ce thriller psychologique est à ne pas manquer.
En le soutenant, vous donnerez une chance supplémentaire aux autres projets de Parasomnia. Pour en savoir davantage, vous pouvez lire notre compte rendu de la master class proposée dans le cadre du Festival Mauvais Tours : lien ici prochainement.