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Début du festival Mauvais Tours 2025 avec la traditionnelle présentation du Jury professionnel et du Jury jeune : 

Arnaud VALOIS, Stéphanie Guillon, Jean-Baptiste Del Amo, Victoire Du Bois

 

 

 

 

 

Puis projection du film en avant première "L'homme qui rétrécit" de Jan Kounen, avec Jean Dujardin, Marie-Josée Croze et Daphné Richard

 

Notre chronique du film : lien ici 

 

 

ÉCHANGES AVEC LE PUBLIC : attention spoiler, y compris la fin du film !

L'homme qui rétrécit : 

Comment arrive le projet : cela vient d'Alain Goldman et Jean Dujardin avec qui Jan Kounen avait déjà travaillé pour l'adaptation du roman 99 francs (2007) 

Le film lui a été proposé. C'est Jean Dujardin qui s'est occupé de récupérer les droits. C'était une envie pour lui. 

Comment adapter ? Jan Kounen a revu le film de Jack Arnold (1957) et a lu le roman (1956). Puis il y a eu la lecture du scénario. Il y avait déjà la fille (dans le roman mais pas le film de Jack Arnold). Jan Kounen a eu envie de dépouiller le scénario. Par exemple, un repas entre amis a été supprimé. Puis Jan Kounen est parti du principe pour sa réalisation qu'il allait raconter l'histoire d'un homme qui vit dans un monde qui s'agrandit.  

Travail sur les décors, hommage ? Bricolage ? 2 choses sont à préciser pour Jan Kounen : l'objectif est de se rapprocher du cinéma des années 60-70, avec comme référence La planète des singes (1968). Pour retrouver ça, il a été nécessaire d'adapter le langage, d'avoir des plans plus longs. Pour les trucages, l'idée est de faire comme à l'époque pour être organique. Tout ce qui est en contact avec Jean Dujardin existe en géant. Pour le reste : c'est tourné avec de vraies images pour après faire un montage. Pour avoir ce même mouvement de la caméra, cela a été fait en Motion Control, avec une caméra d'1,5 tonne. C'était compliqué avec la profondeur de champ. Une technique risquée, un réel challenge technologique. Mais à la fin ça fonctionne. Cela n'arrive jamais d'avoir autant de plans en Motion Control dans un film.

 

Peu de dialogues, quel a été le travail sur la musique avec Alexandre Desplat. Au départ il n'y avait que musique, sans voix off dès que Paul (Jean Dujardin) se retrouve dans la cave, juste le dialogue avec la figurine du Petit Prince. Il y a eu des séances tests : c'était compliqué pour le public. Raison pour laquelle a été rajoutée la voix off. Jan Kounen aurait laissé sans dialogue si cela avait été possible. 

Travail sur le côté scientifique ? Il faudrait manger 1,5 fois son poids à cette taille quand Paul est tout petit. Il flotterait quand il tombe dans l'aquarium. Donc il y a une idée de montrer les efforts pour donner de la vraisemblance mais tout n’est pas réaliste jusqu’au bout.  

Science-fiction, comment classer le film ?  Jan Kouen penche plus vers le fantastique selon lui. Il voit par exemple dans l'araignée une réelle poésie d'un certain côté. La métaphore permet de parler de notre chemin. Pourquoi se battre, avancer, accepter son destin, son état, accepter la mort. L'histoire permet tout ça. C'est une sorte de conte initiatique. 

Travail sonore ? Quelle a été l'influence de ceux qui sont cités à la fin du générique. Le film n'aurait pas été possible s'ils n'avaient pas existé : Melies, Verne, Arnold, Matheson, et une voyageuse de l'imaginaire (dédicace personnelle de Jan Kounen). 

Par rapport au film d'Arnold, c'est une transformation ici en drame familial. Et la fin du roman a une thématique mystique, religieuse. Là Paul parle à sa fille : ces deux variations sont faites pour être en adéquation avec la période actuelle.  

L'idée au départ : resserrer sur la famille, Paul avec ce qu'on doit lâcher et le lien avec sa fille. Comme s'il y avait 2 forces en même temps. C'est un chemin vers le départ, vers l'acceptation de disparaître. Ce qui est complexe dans notre culture. Il y a une partie de l'aventure qui traite du deuil.  

Dans le roman de Matheson il y a une partie dans le monde subatomique. C'est un choix de Jan de ne pas aller aussi loin, aussi petit. Il est resté dans cette idée, mais en regardant le ciel la nuit, cela permet de voir une constante qui ne change jamais en fait. Il y avait une scène de rêve où Paul entrait dans les atomes, une inondation dans la cave, mais il y a des questions de budget. Et il y avait trop de personnes qui lui ont parlé de cette partie subatomique. Ce qui veut dire que les images n'auraient pas été surprenantes. Alors comme Jan voulait une fin poétique et ouverte, il est resté avec la fille et le ciel, cela restait sombre et émouvant.

Plusieurs genres dans le film et pourtant un équilibre. C'est ce qui plait à Jan. Début psychologique, puis la limite avec la folie, mais on rentre dans le film, on suit l'histoire. Parfois on rigole, Quand Paul discute avec la figurine du Petit Prince avec le feu, le spectateur peut se demander : « mais comment est-ce que j'en suis arrivé là ? ». Jan préfère parler de mythologie. À la fin, il y a un dernier défi : passer le grillage. Monter sur l'étagère oblige Paul à tout donner. La scène avec l'araignée dans sa toile, c'est mythologique pour Jan Kounen, c'est la racine de tout : affronter sa peur, la mort. Avec un peu d'ironie. Sur cette scène de l'araignée géante. Il fallait un truc réaliste, Jan Kounen il a eu l'idée du fait que Paul ait peur au point de se faire pipi sur lui, une scène d'acceptation totale.  

Aux Usa, qu'en pensent-ils ? Il y a déjà eu Microcosmos pour l’utilisation du Motion Control. La question que se sont posée les Américains, c'est pourquoi vendre ces droits ? Le travail de négociation revient aux producteurs. Il y avait Jean Dujardin (qui est connu grâce à The Artist), un prix cher et 1 an maximum pour réaliser le film. Le producteur a pris un risque réel en achetant les droits. 

Les genres dans le film ? C'est une comédie dans un sens. Cela passe par les corps. Question direction d'acteur, comment est-ce que cela s'est passé ?
Personne n'aurait osé aux USA une telle sorte de comédie. Mais avant tout, c'est un drame, mais il y a toujours un petit sourire. Le public peut être ému ou rire, car fait sérieux mais surréaliste. Sur plan de caméra dans la maison, avec le temps qui passe et Paul qui se retrouve tout petit sur le fauteuil. Les gens peuvent rire mais ça s'arrête vite comme la situation est grave. Jan ne voulait pas que Paul pleure pour garder une certaine stature.

Pour la direction d'acteurs. C'est l'acteur qui sait toujours mieux que le metteur en scène, il faut juste lui donner des informations pour qu'il puisse savoir comment jouer son rôle, des éléments de backgound, etc.

Comment Jean Dujardin explique qu'il a voulu jouer ce film ?
Il a voulu faire un film de survie, traverser et vivre ça. Il joue avec son propre imaginaire. Jan a eu peur que ce soit compliqué pour Jean Dujardin sur les fonds verts. Début tournage uniquement les plans dans la cave, puis maison, puis les extérieurs. Et Jean était plus à l'aise dans les scènes seuls dans la cave selon Jan Kounen.