Date de sortie : 06.11.2024
Réalisation : Coralie Fargeat
Scénario : Coralie Fargeat
Casting principal : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid
The Substance, réalisé par Coralie Fargeat et présenté à Cannes où il a remporté le prix du meilleur scénario, s’inscrit dans le registre du body horror avec une approche à la fois visuelle et thématique marquante. Le film met en scène Demi Moore dans le rôle d’Elisabeth Sparkle, une présentatrice d’une émission de gym pour la télévision, vieillissante qui, pour raviver sa jeunesse et sa beauté, se laisse tenter par un sérum expérimental. Ce qui commence comme une promesse de jeunesse éternelle se transforme rapidement en un cauchemar grotesque, explorant les conséquences terrifiantes des pressions sociales liées à la beauté féminine et au vieillissement, notamment dans l’industrie du divertissement.
Les performances des acteurs sont tout simplement phénoménales. Demi Moore incarne avec intensité la lente déchéance de son personnage, tandis que Margaret Qualley, qui joue, Sue, la version rajeunie d’Elisabeth, livre une performance glaçante. Denis Quaid, dans le rôle du producteur de télévision machiste, sexiste, hautain, ajoute une tension supplémentaire. C'est celui que nous adorons détester en incarnant tous les préjugés et les stéréotypes de l’homme de télé égocentrique. Chaque acteur/actrice parvient à transcender le matériau narratif, conférant au film une véritable profondeur émotionnelle, même dans ses moments les plus extrêmes. Et il y a des séquences qui vous procureront des sensations fortes, désagréables, les seringues, les points de sutures, le sang…
D’un point de vue visuel, The Substance est époustouflant. Coralie Fargeat impose sa signature stylistique grâce à un usage méticuleux des couleurs et des décors. La froideur clinique de certains lieux contraste avec les teintes vibrantes, néon, flashy, qui amplifient la descente aux enfers psychologique et physique d’Elisabeth. Le couloir orange du long couloir et la salle de bain immaculée sont parmi les décors les plus mémorables, symbolisant à la fois la transformation physique et mentale du personnage principal. Les maquillages et effets spéciaux, parfaitement exécutés, renforcent l’aspect horrifique du film en flirtant constamment avec le grotesque.
Cependant, malgré ses nombreuses qualités, la troisième partie du film se montre plus inégale. Un rebondissement prolonge le récit d’une vingtaine de minutes, plongeant dans un gore plus explicite qui, pour certains, semblera excessif. Bien que Coralie Fargeat parvienne à maintenir une cohérence thématique, cette surenchère visuelle nuit à l’impact du message établi jusque-là. L’image sexualisée de la femme, le machisme, l’addiction à la gloire et à la notoriété, qu’est-ce qui fait de vous une personne ? Qu'est-ce qui vous définit en tant qu'être humain ? Autant de thèmes et tant d'autres qui sont abordés dans The Substance et qui en font un film qui vous fera aussi réfléchir au-delà du divertissement proposé.
The Substance s’attaque frontalement aux attentes démesurées imposées aux femmes, en particulier dans l’industrie du cinéma, où l’âge et l’apparence dictent souvent la valeur professionnelle. Grâce à un scénario bien construit, des performances d’acteurs exceptionnelles, et des effets spéciaux remarquables, le film est captivant, avec un visuel et une esthétique somptueuse qui marque les mémoires, malgré un final qui en fait peut-être un peu trop à notre goût.
Film vu dans le cadre du festival Mauvais Tours
Lien compte rendu Festival Mauvais Tours Samedi : lien ici