Date de sortie en coffret dvd/bluray : 02.09.2025
Editeur : Artus Films

https://artusfilms.com/products/les-rites-sexuels-du-diable 

Réalisation : José Ramon Larraz
Scénario : José Ramon Larraz
Musique : Marcello Giombini
Photographie : Juan Mariné
Décors : John Hanford
Montage : Harold Wallmann
Durée : 84 minutes
Versions : anglais
Sous titres : français
Format 1.66 original respecté
16/9ème compatible 4/3
Couleurs
Version 2k restaurée - version intégrale

Interdit aux moins de 16 ans

https://www.imdb.com/fr/title/tt0081432/ 

"Les Rites Sexuels du Diable" de José Ramón Larraz appartient à cette catégorie d'objets filmiques inclassables qui marquent davantage par leur capacité à générer le malaise que par leur conformité aux codes du genre. Ce long-métrage s'aventure dans des territoires où l'horreur satanique rencontre un érotisme glacial, créant une alchimie troublante par sa singularité dérangeante.

La force première du film réside dans son architecture atmosphérique méticuleusement construite. José Ramón Larraz transforme une grande demeure anglaise, située dans la campagne, non loin de Londres, en piège psychologique redoutable. Sa maîtrise de l'espace révèle un sens aiguisé pour mettre en scène cette claustrophobie : chaque angle de caméra semble calculé pour comprimer l'air, chaque cadrage transforme l'intimité domestique en voyeurisme forcé. Vous êtes en permanence à portée de main des personnages. Cette géométrie de l'enfermement trouve son apogée, selon moi, dans un plan filmé à travers une tête de lit pour donner l’impression de voir les ébats comme si vous étiez dans un confessionnal. Ces angles de caméras vous transforment en témoin involontaire et contraint d'une déchéance morale extrême, celle de toute la communauté sataniste qui habite dans ce manoir.

L'esthétique, volontairement rugueuse, participe pleinement à la stratégie d'inconfort développée par José Ramón Larraz. Le grain de la pellicule, devient un voile de saleté morale qui contamine chaque image. Cette patine délibérée confère au film une temporalité trouble. Vous en comprendrez le sens à la toute fin du film, dont nous ne révèlerons rien ici.

Le casting révèle des disparités, comme cela est souligné dans le commentaire en bonus de ce coffret dvd/bluray, d’Emmanuel Le Gagne et Sébastien Gayraud. Helga Liné incarne Fiona, une figure d'autorité magnétique dont la froideur calculée soutient tout le film. Sa présence impose une hiérarchie qui écrase progressivement la résistance de la pauvre Carol (Vanessa Hidalgo). Cette dernière, dans un registre plus fragile, traduit avec justesse la déliquescence psychologique de son personnage, victime des manipulations de la secte sataniste.

Curieusement, la faiblesse relative du jeu des acteurs masculins ne constitue pas un handicap si fort : ces figures caricaturales renforcent l'impression d'un univers peuplé d'automates de la luxure, dépourvus d'humanité authentique. Comme s’ils étaient manipulés par une force supérieure. Cette déshumanisation amplifie l'isolement tragique de Carol face à un système prédateur parfaitement rodé.

Les scènes de « Rites sexuels du Diable » sont toujours froides, parfois violentes. Aucune volupté, presque pas de désir. Simplement une réponse à un processus nécessaire, commandé, ce qui ne manque pas de mettre mal à l’aise.

"Les Rites Sexuels du Diable" est un film bis qui n’a rien pour sortir de sa catégorie. En substituant aux grands spectacles surnaturels une horreur de l’intimité, José Ramón Larraz privilégie l'empoisonnement psychologique à l'effroi immédiat. Cette approche joue sur une contamination progressive, comme cette décoction que doit boire Carol jour après jour, dont la composition est des plus obscures. Un mode d’enfermement et d’isolement qui résonne avec les préoccupations contemporaines sur les mécanismes de l'emprise, de la manipulation et du consentement. Autres temps, autres mœurs.

Et cette dernière scène, qui remet en perspective tout ce que nous venons de voir, est un ultime coup de poing qui vous place dans la position de celui qui sait, mais qui ne peut rien empêcher.

Ce film dérangeant reste une expérience cinématographique authentique pour les amateurs de curiosité. Une œuvre qui propose une confrontation directe avec des zones sombres que nous espérons ne jamais rencontrer ailleurs que dans une salle obscure.

 

Xavier