Date de sortie : 02.10.2024
Réalisation : Todd Phillips
Scénario : Scott Silver, Todd Phillips, Bob Kane
Casting principal : Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Brendan Gleeson
Joker: Folie à Deux, réalisé par Todd Phillips, s’attaque à un pari risqué en revisitant l’univers du Joker sous la forme d’une comédie musicale. Avec un budget de 190 millions de dollars, le film n’a malheureusement pas rencontré le succès attendu, engrangeant seulement environ 206 millions au box-office mondial. Ce choix audacieux de format a sans doute surpris, voire dérouté, une partie du public habituée à une vision plus sombre et dramatique du personnage. Pourtant, Joker : Folie à Deux est un film à voir, porté par un duo d’acteurs très convaincant : Joaquin Phoenix et Lady Gaga.
Joaquin Phoenix reprend son rôle d’Arthur Fleck avec la même intensité que dans le premier opus. Il incarne un homme brisé, tiraillé entre ses délires et une réalité oppressante. Sa prestation reste impressionnante par sa profondeur et sa justesse. À ses côtés, Lady Gaga apporte une nouvelle dimension à Lee Quinzel. En s’appropriant le rôle, elle parvient à équilibrer folie, charme et vulnérabilité, tout en créant une alchimie palpable avec Joaquin Phoenix.
Leur relation complexe est au cœur du film, renforcée par les séquences musicales soigneusement chorégraphiées. Les chansons sont choisies avec soin pour refléter les émotions des personnages et enrichir la narration. Elles servent de catalyseur à leur ambiguïté, oscillant entre amour toxique et dépendance mutuelle.
La mise en scène de Todd Phillips privilégie les espaces clos, notamment l’hôpital psychiatrique et le tribunal. Ces lieux renforcent le sentiment d’enfermement qui traverse tout le film. Ce confinement, à la fois physique et mental, reflète la condition des personnages, en particulier celle d’Arthur Fleck, pris au piège de ses propres délires.
La caméra s’attarde sur les détails, des regards aux gestes, accentuant le malaise des scènes. Les transitions entre la réalité et les hallucinations d’Arthur Fleck sont fluides, vous plongeant dans une expérience où la frontière entre le réel et l’imaginaire est constamment brouillée.
Les costumes, conçus par Arianne Phillips, jouent un rôle clé dans l’évolution des personnages. Ceux d’Arthur Fleck et Lee Quinzel combinent des éléments familiers de leurs versions classiques avec des touches modernes. Les tenues de Lee, en particulier, reflètent son passage progressif vers une folie partagée avec le Joker, tout en conservant une élégance presque tragique.
Les décors, eux, recréent avec précision une atmosphère sombre et réaliste, fidèle aux années 1980. Les bâtiments délabrés, les salles d’audience austères et les couloirs sinistres de l’hôpital renforcent l’idée d’un monde oppressant, où chaque espace semble resserrer l’étau autour des personnages.
Si le film divise, c’est en grande partie à cause de son choix de format. La comédie musicale, rare dans l’univers des adaptations de comics, a surpris. Pourtant, ce choix apporte une fraîcheur au récit et enrichit le développement des personnages. Il offre également des moments de respiration dans un univers par ailleurs oppressant.
Malgré son échec commercial, Joker : Folie à Deux mérite d’être salué pour sa direction artistique et ses performances d’acteurs. La relation entre le Joker et Lee Quinzel, la musique et l’attention portée aux détails en font une œuvre à part, singulière et intrigante.
Joker: Folie à Deux n’atteint pas l’impact de son prédécesseur, mais il n’en reste pas moins une proposition artistique audacieuse. Todd Phillips explore de nouvelles facettes de l’univers du Joker, porté par des interprétations fortes de Joaquin Phoenix et Lady Gaga. Un film qui mérite d’être jugé pour ce qu’il est : une exploration fascinante et troublante de la psyché humaine et des liens destructeurs.
Xavier