Date de sortie: 30.10.2024 sur Film
Année de production : 2022
Réalisation : Mike Cheslik
Scénario : Mike Cheslik, Ryland Brickson Cole Tews
Casting principal : Ryland Brickson, Cole Tews, Olivia Graves, Doug Mancheski
Nous avons vu ce film dans le cadre du festival Mauvais Tours 2024. Pour notre compte rendu du festival : cliquez ici
“Hundreds of Beavers” est une comédie burlesque signée Mike Cheslik, un réalisateur américain originaire du Wisconsin, qui a su marquer le festival Mauvais Tours grâce à un film aussi inventif qu’absurde. Le film a reçu le prix du Jury Jeune. L’histoire, presque sans paroles, retrace les mésaventures d’un marchand d’alcool tombé en disgrâce, qui se réinvente en trappeur de castors dans le froid du nord des États-Unis au 19e siècle.
Le film est un hommage direct aux maîtres du burlesque, avec des clins d’œil évidents à des légendes comme Buster Keaton et Charlie Chaplin. Mike Cheslik, qui s’était déjà distingué avec Lake Michigan Monster (2018), co-réalisé avec Ryland Tews, continue ici dans une veine très proche, où l’humour visuel prime sur tout autre type de narration.
La force du film repose sur la capacité de Mike Cheslik à créer un univers cohérent, malgré des moyens limités, en filmant dans les forêts enneigées du Wisconsin et en recréant un monde inspiré à la fois des cartoons de Tex Avery et des jeux vidéos comme Donkey Kong Country. Le film déborde de références à la culture geek, avec des séquences qui évoquent directement le concept de “porte, monstre, trésor” que l’on retrouve dans les jeux de rôle : chaque rencontre permet au personnage principal de monter en compétences, de trouver de nouveaux équipements et d’améliorer ses chances d'obtenir le plus bel d'objet en vente dans cette petite boutique perdue au milieu de la forêt, un mécanisme qui s’inspire également de la logique des jeux vidéo classiques.
Le film, bien que tourné en noir et blanc, emprunte aussi à l’esthétique des cartoons, notamment avec ses scènes d’action exagérées, ses costumes loufoques et ses pièges pour castors qui rappellent les courses effrénées entre Bip Bip et le Coyote. La façon dont le titre apparaît à l’écran, dans le style des Looney Tunes, renforce cette dimension cartoonesque, qui fait de Hundreds of Beavers un film à part, où l’absurde et le visuel dominent.
Malgré son format de long-métrage, le film aurait aussi bien pu être décliné en moyen métrage, voire en court-métrage, tant la mécanique narrative est simple et linéaire. Le rythme du film, bien qu’enjoué, pourrait par moments gagner en concision, mais c’est justement ce format étendu qui permet à Mike Cheslik d’explorer en profondeur ses idées visuelles et de pousser l’humour burlesque jusqu’à ses extrêmes.
Hundreds of Beavers est une œuvre rafraîchissante, qui se regarde sans devoir faire l'effort d'une réflexion quelconque. Le film navigue habilement entre hommages aux classiques du cinéma burlesque et célébration de la culture geek moderne, offrant au spectateur une expérience visuelle unique. Bien que le film ne révolutionne pas le genre, il réussit à capturer l’essence d’un humour simple, visuel et intemporel, tout en y ajoutant une dose d’absurdité moderne.
Un film à découvrir pour ceux qui aiment le cinéma décalé et les références à la pop culture.
Tiphaine et Xavier