Date de sortie : 10.10.2025

Réalisation : Ben Leonberg
Scénaristes : Alex Cannon, Ben Leonberg
Casting : Indy, Shane Jensen, Arielle Friedman
Durée : 1h12

 

Quand la fidélité canine défie les ombres.

 

Le cinéma d'horreur multiplie les twists prévisibles. Good Boy, réalisé par Ben Leonberg, ose un virage inattendu en confiant le rôle central à un chien confronté à l'invisible. Nous découvrons une maison hantée ainsi qu’un homme malade physiquement et psychiquement, à travers le filtre d’un regard animal. Ben Leonberg propose une œuvre intime et troublante, où la terreur naît moins des spectres que de la vulnérabilité quotidienne. Ce qui nous invite à questionner notre perception du monde à travers les yeux d'un compagnon loyal. Petite anecdote, le chien à l’écran, le retriever de la Nouvelle-Écosse, est le vrai chien du réalisateur et porte bien le nom d'Indy (comme celui qui a donné son nom à Indiana Jones). Il lui aura fallu pas moins de 400 jours de tournage, répartis sur 3 années, pour tourner ce film.  

Ben Leonberg a une réalisation qui épouse la perspective canine, avec une caméra souvent positionnée au niveau du sol pour transformer les espaces familiers en territoires hostiles. Les cadrages bas et les mouvements fluides évoquent une exploration instinctive, où les recoins d'une demeure isolée deviennent des pièges. La photographie, jouant sur des contrastes marqués et des lumières tamisées, accentue cette sensation d'oppression, avec des teintes qui glissent du chaud au glacial.

Les ambiances acoustiques amplifient les perceptions animales comme des souffles accélérés, des échos lointains, des silences pesants. Une tension s’installe sans recourir à des effets tonitruants. Le montage serré, qui privilégie les plans longs et les transitions naturelles, renforce cette immersion sensorielle et entretient une angoisse authentique.

L'intrigue est centrée sur un homme affaibli par ses médicaments et sa maladie. Il s'installe dans une maison à la campagne avec son chien. Cette narration subjective qui brouille les lignes entre réalité et illusion. Tout est vu du point de vue du chien, qui discerne des fantômes : des apparitions éthérées, des présences murmurantes qui sont invisibles à son maître. Le film explore la façon dont ces visions spectrales symbolisent des tourments intérieurs, comme une maladie insidieuse qui altère les comportements humains. Au cœur de ce dispositif réside une analyse profonde de la fidélité sans faille du chien qui maintient une dévotion absolue, même face à un maître qui, rongé par sa condition, oscille entre indifférence et brusquerie. Au point d’ignorer les avertissements et repoussant parfois son fidèle allié. Cette loyauté inébranlable, contrastant avec la fragilité humaine, infuse le récit d'une émotion brute, transformant l'horreur en une méditation sur le lien asymétrique où l'animal perçoit et protège sans condition, malgré les manques de réciprocité. Sur un rythme assez mesuré, le film cultive une ambiguïté qui enrichit les thèmes de l'isolement et de la perte. La maison étant celle d’un parent décédé.

Les interprétations se distinguent par leur retenue, avec le chien, comme pivot émotionnel. Ses expressions, capturées sans artifice, transmettent une large gamme d'émotions : vigilance accrue, peur instinctive, affection persistante, etc. Cette performance instinctive porte le film, rendant tangible l'empathie envers un maître incarné avec une économie touchante, dont la détérioration physique accentue le pathos. Les rôles secondaires, bien que limités, complètent ce duo en soulignant l'isolement de l’animal, créant une dynamique où la fidélité transcende les failles humaines.

Good Boy propose une horreur introspective, où les perspectives canines interrogent notre rapport au monde invisible et aux liens interespèces. Une œuvre tendre et horrifique.

 

Tiphaine et Xavier