Date de sortie : 2015
FICHE TECHNIQUE
- Année : 2015
- Pays : Australie
- Durée : 1h30
- Réalisateur : Dave Jackson
- Acteurs : Matthew C. Vaughan, Shian Denovan, Noah Moon
- Interdit aux moins de 16 ans
Cat Sick Blues : une descente aux enfers féline et dérangeante
Dans le paysage du cinéma d'horreur indépendant australien, Cat Sick Blues (2015) de Dave Jackson est une œuvre singulière et perturbante. Ce premier long-métrage, tourné avec des moyens modestes, parvient à créer une expérience viscérale qui pourrait bien vous hanter.
Vous allez découvrir Ted, un homme ordinaire dont la vie bascule après la mort de son chat bien-aimé. Le film explore, sans artifice, son esprit torturé qui l’entraine dans une frénésie de meurtres de plus en plus sadiques.
Dave Jackson fait le choix de ne jamais relâcher la tension. L'atmosphère, noire et sanglante, s'intensifie à mesure que Ted sombre dans sa quête macabre. Persuadé qu'il peut ressusciter son chat en collectant neuf vies humaines, il entame une série d'actes toujours plus violents et dérangeants. Vous êtes maintenu dans un état de malaise constant, sans échappatoire possible.
Loin d'être un handicap, le budget restreint du film exploite une approche "Do It Yourself" assumée. La mise en scène brute, parfois proche du documentaire, renforce le sentiment de réalisme et donc le malaise. Les effets spéciaux, bien que limités, sont utilisés avec parcimonie et efficacité.
Le masque de chat que porte Ted, élément central du film, illustre parfaitement cette approche. Sa conception artisanale, loin des standards hollywoodiens, le rend paradoxalement plus inquiétant. Il devient le symbole de la folie qui imprègne l'ensemble du long-métrage.
Au cœur de cette descente aux enfers, la performance de Matthew C. Vaughan mérite d'être soulignée. Il livre une prestation tout en nuances, rendant crédible l'évolution psychologique de son personnage. La transformation progressive de Ted, d'homme endeuillé en tueur obsessionnel, est portée par un jeu subtil qui renforce la dimension psychologique du film.
Les victimes de Ted apportent une dimension supplémentaire à ce portrait de la folie meurtrière.
Cat Sick Blues se démarque dans le genre par son approche sans concession de l'horreur psychologique. Le film ne cherche pas à choquer gratuitement, mais plutôt à créer un sentiment de malaise profond et durable. La violence, bien que présente, n'est jamais gratuite : elle sert toujours le propos et l'exploration psychologique de Ted.
L'obsession de Ted est traitée comme une maladie qui se propage, contaminant chaque scène, chaque plan du film. Vous êtes progressivement aspiré dans cette spirale obsessionnelle, partageant malgré vous le regard dérangé de Ted sur le monde qui l'entoure. Ce qui se retrouve aussi dans les cauchemars de Claire, qui est elle-même doublement traumatisée par la mort de son chat, star d’internet, et son viol.
Si le film maintient son atmosphère oppressante pendant la majeure partie de sa durée, il offre néanmoins une forme de catharsis dans son dernier acte. Sans trahir sa noirceur, le réalisateur choisit d'introduire une dimension morale qui vous permet de reprendre pied. Cette conclusion, bien que toujours sombre, offre une forme de rédemption qui empêche le film de sombrer dans le nihilisme total.
Cat Sick Blues démontre qu'il est encore possible de créer un cinéma d'horreur original et percutant avec des moyens limités. Dave Jackson signe une œuvre qui, malgré (ou grâce à) son approche DIY, parvient à marquer. L'authenticité et la vision artistique compensent largement les contraintes budgétaires.
Cette production australienne est la preuve qu'il existe encore un espace pour des œuvres audacieuses et personnelles dans un genre souvent formaté qu’est le film d’horreur, de slasher. Si le film est à réserver à ceux qui ont le cœur et le cerveau bien accrochés, les amateurs d'horreur psychologique y trouveront une expérience aussi unique que marquante.
Bien que Cat Sick Blues puisse rebuter les spectateurs les plus sensibles, il constitue une œuvre intéressante pour quiconque s'intéresse aux possibilités du cinéma d'horreur indépendant. Un premier film impressionnant qui laisse espérer d'autres œuvres tout aussi ambitieuses de la part de Dave Jackson.
Film proposé lors du festival Mauvais Tours 2024: https://mauvaistours.com/
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