Date de parution : 24.10.2024
Editeur : Scrineo

https://www.scrineo.fr/excaliber-la-fabrique-des-rois/

Broché ‏ : ‎ 337 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2381673709
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2381673707
Dimensions ‏ : ‎ 15.5 x 3.5 x 23 cm

 

Gabriel Katz, avec Excaliber T.1 : La Fabrique des Rois, il s’attaque à un monument : la légende arthurienne. Son approche : démystifier le mythe pour en révéler les coulisses politiques. 

La Bretagne du VIᵉ siècle est un champ de bataille. Les clans se déchirent, les barbares pillent, et aucun seigneur ne parvient à unifier le territoire. Dans ce contexte désespéré, deux hommes élaborent une audacieuse supercherie : fabriquer un roi. Myrddin, un abbé charismatique dont la réputation de « mage » masque une intelligence fine, et Galahad, un chevalier pragmatique surnommé Lancelot, choisissent Kay, un jeune noble discret, pour incarner ce souverain providentiel. Leur outil : une épée plantée dans un rocher, présentée comme un signe divin. L’objectif est clair : pacifier le pays en créant un symbole fédérateur. Mais leur plan bien huilé vacille lorsque Arthur, le frère adoptif de Kay, entre en scène. Brutal, ambitieux et imprévisible, il devient un catalyseur du chaos, menaçant de réduire à néant des mois de manigances et peut-être pire encore. 

Gabriel Katz revisite les figures emblématiques avec un réalisme mordant avec des personnages à l’éthique ambiguë : 

- Myrddin (Merlin) : loin du mage à la barbe blanche que beaucoup s’imaginent, il est ici un manipulateur froid, utilisant la superstition et la religion comme armes politiques. Son alliance avec Galahad repose sur un calcul rationnel. Mais il reste un homme avec ses points faibles et ses envies. 

- Galahad/Lancelot : stratège impitoyable, il incarne un politicien pragmatique. Son humour cynique et sa détermination en font un anti-héros captivant, bien éloigné du chevalier courtois, qui pourtant commence à nouer une relation ambiguë dans ce premier tome avec la reine Gwenyvere.

- Kay : choisi pour sa docilité, il se révèle plus complexe que prévu. Son manque de charisme contraste avec le rôle de « roi mythique » qu’on lui impose, soulignant l’absurdité du pouvoir fabriqué. 

- Arthur : antithèse du roi idéal, il est arrogant, violent et opportuniste. Son ascension imprévue bouscule les plans, posant la question : peut-on contrôler un monstre que l’on a soi-même créé ?  

- Viviane et Morgane : Gabriel Katz leur offre des rôles inattendus. Intelligentes, elles naviguent dans un monde d’hommes, contrecarrant les plans ou les influençant avec subtilité. 

L’originalité de Gabriel Katz réside dans son irrespect de la légende pour mieux la moderniser. Les enchantements et les quêtes mystiques ne sont pas à l’ordre du jour : ici, Excalibur, rebaptisée en Excaliber (pour une raison très bien trouvée) est une imposture. La Table Ronde n’est qu’une stratégie de communication. Les chevaliers sont des pions recrutés pour leur utilité. Le roman vous emmène dans les coulisses du pouvoir et vous fait découvrir comment les récits fondateurs naissent souvent de mensonges et de calculs, se transformant en vérités intangibles avec le temps. Les alliances sont éphémères, les trahisons omniprésentes, et chaque personnage, qu’il soit manipulateur ou manipulé, est pris au piège de ses propres ambitions. 

Un tourbillon d’intrigues et un cliffhanger maîtrisé. 

La force du roman tient à son rythme haletant. Les chapitres courts et les dialogues percutants créent une tension constante, tandis que les retournements s’enchaînent sans répit. Garbiel Katz excelle à brouiller les pistes : qui tire les ficelles ? Myrddin, croyant dominer le jeu, est-il lui-même instrumentalisé ? Galahad, malgré sa roublardise, semble parfois dépassé par les conséquences de ses actes. Quant à Arthur, son ascension chaotique transforme le récit, où la folie des uns alimente la chute des autres. 

Sans dévoiler la fin, disons que les dernières pages sont chargées de suspense avec une montée en tension imprévue. Les protagonistes, emportés par leur quête de pouvoir, perdent le contrôle de leur propre machination. Le cliffhanger, subtilement amené, promet un second tome explosif.

Excaliber T.1 : La Fabrique des Rois est une variation adulte et politique, sur le mythe arthurien. C’est une réflexion sur la nature du pouvoir, la fabrication des héros et le prix de la vérité. Gabriel Katz signe un roman audacieux, où chaque page interroge notre rapport aux récits fondateurs. À conseiller aux lecteurs prêts à être bousculés, comme aux amateurs de politiques médiévales sans concession.

Vivement janvier 2025 et la fin de ce diptyque.

 

Xavier