date de parution : 06.11.2024
éditeur : Glenat Manga
https://www.glenat.com/seinen/blue-giant-explorer-tome-06
Auteur : Shinichi Ishizuka
Traductrice : Anne-Sophie Thévenon
Thèmes : Seinen
Editeur oeuvre origine : Shogakukan
Format : 130 x 180 mm
Pages : 208
EAN : 9782344056561
EAN numérique : 9782331080807
Depuis ses débuts, Blue Giant Explorer incarne l’essence même du road-movie mélomane, suivant le périple de Dai Miyamoto, saxophoniste japonais qui veut devenir le numéro un mondial du jazz. Après avoir marqué le Japon et l’Europe, Dai pose désormais ses valises aux États-Unis, terre mythique du jazz, pour continuer d’y forger un son unique. À présent accompagné d’Antonio, un pianiste mexicain au caractère aussi enflammé que ses improvisations, Dai parcourt les routes américaines à la recherche de collaborations et de défis musicaux. La série, héritière de Blue Giant et Blue Giant Supreme, mêle exploration culturelle, tensions sociales et quête identitaire, le tout porté par un dessin dynamique qui donne vie à chaque note. Les différentes chansons citées vous permettent de plonger totalement dans l’univers de Blue Giant Explorer.
Le tome 6 s’ouvre sur une séquence empreinte de douceur et de bienveillance. À Albuquerque, ce dernier termine son séjour en organisant un récital avec ses élèves temporaires, un moment clé pour ces jeunes musiciens encore tremblants face à la scène. L’événement, orchestré pour célébrer la guérison de Steve, devient un moment fort sous le signe de la persévérance et de la transmission. Chaque élève, malgré ses doutes, livre une interprétation personnelle de standards jazz tels que Greensleeves, Inner Urge de Joe Henderson, avec un bœuf collectif sur Now’s the time de Charlie Parker, sous le regard bienveillant de Dai.
La force de ces pages réside dans leur capacité à capturer la vulnérabilité des apprentis, magnifiée par des planches où les notes semblent littéralement s’échapper des partitions. Si vous ne connaissez pas ces titres, une rapide recherche sur notre plateforme favorite sur l’internet vous permettra de faire résonner la bande-son du manga à vos oreilles. Ces instants, à la fois intimes et universels, rappellent que le jazz est avant tout une langue vivante, façonnée par l’audace et l’authenticité.
Mais l’euphorie de ce récital laisse rapidement place à un nouveau chapitre, plus âpre. Direction le Texas, où Dai et Antonio affrontent une réalité brutale : dans cet État aux traditions bien ancrées, deux étrangers sans réseau vont peiner à se faire une place. C’est ici que le récit bascule dans une tension narrative palpable. Nous vous laissons faire la rencontre de Zod. Ce qui vous emmène jusqu’à un cliffhanger qui promet un tome 7 explosif, où l’improvisation jazz côtoiera les enjeux des cartes .
Entre naïveté et maturité, ce sixième volume joue habilement sur les contrastes. La première moitié, baignée de lumière et d’optimisme, célèbre la beauté de l’apprentissage et de la camaraderie. La seconde, plus sombre et réaliste, expose les luttes invisibles des artistes marginaux, qu’ils soient étrangers, autodidactes ou en quête de reconnaissance.
Shinichi Ishizuka excelle à humaniser ses personnages : Antonio, prêt à sacrifier ses études pour la musique ; Zod (à vous de le découvrir) et Dai, toujours aussi obstiné, dont la fougue juvénile commence à s’étoffer d’une sagesse tactique. Les thèmes de l’exil, de l’intégration et de la résilience résonnent avec force, accompagnant l’énergie propre au jazz.
Blue Giant Explorer propose pour ce tome 6 est une partition en deux mouvements : une douce mélodie d’espoir suivie d’un rythme effréné de défis. Entre scènes de concert à couper le souffle et confrontations sociales, le manga prouve une nouvelle fois que le jazz est bien plus qu’un genre musical qui puise ses racines dans le blues : c’est une métaphore de la vie elle-même, où chaque note compte et chaque silence parle.
Xavier