Editions Delcourt
Date de sortie : 4.9.2024

 

https://www.editions-delcourt.fr/comics/series/serie-night-eaters/album-night-eaters-t01 

Scénariste
Illustrateur
Coloriste
 
Collection
Contrebande
EAN
9782413078449
Dimensions
19.2
 x 
28.5
 x 
2.3
 cm
Nombre de pages
208
Thèmes
Horreur

 

Dans Night Eaters, tome 1, Marjorie Liu et Sana Takeda, le duo de l’acclamée série Monstress, nous plongent dans une histoire aux multiples facettes, où le mystère et l’angoisse s’entremêlent habilement. Dès les premières pages, le lecteur est pris dans un épais brouillard narratif. Que se cache-t-il réellement derrière cette famille sino-américaine apparemment ordinaire ? Les rebondissements, souvent inattendus, ne sont pas de simples surprises : ils prennent des allures de pièges qui s’ouvrent sous les pieds du lecteur, le propulsant dans des abîmes d’incertitude et d’effroi. 

L’intrigue nous présente un couple de jumeaux, Milly et Billy, en proie à des relations compliquées avec leur mère, Ipo. Le récit jongle entre des scènes de leur vie quotidienne et des incursions dans l’étrange. L’apparente froideur d’Ipo, une femme sévère aux secrets bien gardés, met immédiatement une barrière émotionnelle entre elle et ses enfants. Ce fossé relationnel, déjà palpable au début du comics, ne fait que s’accentuer à mesure que les révélations s’enchaînent. 

Le génie du scénario réside dans cette tension psychologique qui monte crescendo, en parallèle de l’escalade surnaturelle. Les relations familiales dysfonctionnelles sont au cœur de l’histoire : le malaise entre les jumeaux et leur mère crée un terrain propice à une tension émotionnelle qui, subtilement, s’infiltre dans les éléments fantastiques du récit. Ainsi, les événements étranges qui surviennent ne sont pas simplement des manifestations de l’horreur surnaturelle, mais aussi des reflets des tourments internes des personnages. La végétation sauvage, les poupées sur le canapé, les taches masquées par le tapis sont autant d'éléments qui auront un rôle important en temps utilise. 

Du côté graphique, Sana Takeda joue avec l’obscurité et les contrastes pour renforcer cette atmosphère lourde, suffocante. Ses traits, d’une finesse indéniable, dessinent des visages marqués par les secrets et les non-dits, créant une ambiguïté constante. Qui est réellement Ipo ? Que cache-t-elle derrière son masque de froideur ? À travers ses illustrations, Sana Takeda traduit visuellement cette progression de l’angoisse, comme si chaque page dépliait un peu plus les recoins sombres de la psyché des protagonistes. 

Les rebondissements sont orchestrés avec une précision diabolique : chaque moment de flottement, chaque accalmie apparente, cache une chute vertigineuse. Le lecteur, tout comme les jumeaux, se sent progressivement aspiré dans un vortex d’événements qu’il ne maîtrise pas, tout en cherchant désespérément à comprendre les véritables enjeux. Le mystère est omniprésent, et même à la fin de ce premier tome, bien des questions restent sans réponse, renforçant ce sentiment d’étrangeté oppressante. 

Night Eaters offre ainsi une première incursion magistrale dans un univers à la croisée du drame familial et du fantastique. Avec des personnages profondément humains (mais tout est relatif) et des relations familiales tendues, ce premier tome pose les bases d’une saga qui promet autant de mystère que d’émotions intenses. On en ressort à la fois intrigué et fébrile, prêt à plonger dans les tomes suivants pour tenter de démêler le vrai du faux dans cette fable aussi sombre qu’envoûtante. 

 

Xavier