Date de parution : 30.05.2025
Editeur : Urban Comics
Collection : DC Absolute
Série : Absolute Superman
Scénariste : Jason Aaron
Dessinateur : Rafa Sandoval
Traducteur : Laurent Queyssi
Pagination : 144 pages
EAN : 9791026823391
Contenu vo : ABSOLUTE SUPERMAN #1-6
https://www.urban-comics.com/absolute-superman-tome-1/
Dans un multivers où les certitudes vacillent, Jason Aaron et Rafa Sandoval livrent une déconstruction du mythe Superman. Absolute Superman Tome 1 : Les Poussières de Krypton ne se contente pas de revisiter l'origine du Kryptonien : il la fracture pour mieux la reconstruire sur les fondations de la colère et de l'injustice.
Oubliez Smallville et ses valeurs champêtres. Cette version alternative plonge Kal-El dans la lutte des classes dès sa naissance. L’organisation de la société sur la planète Krypton y apparaît comme une civilisation stratifiée où les élites scientifiques broient les castes ouvrières, transformant le fameux "S" en marque de servitude plutôt qu'en emblème d'espoir. La planète natale s'effondre sous le poids de ses propres contradictions, victime d'une surconsommation prédatrice qui épuise ses ressources jusqu'à une apocalypse écologique.
Sur Terre, l'oppression change de visage, mais conserve sa brutalité. Lazarus Corp règne par la terreur, déployant ses Peacemarkers pour « apporter la paix ». L’homme d’acier a continué de grandir dans la violence d'un système sans considération pour la vie des hommes.
Ici, Superman porte ses blessures comme une seconde peau. Rafa Sandoval sculpte un héros aux traits tirés, vêtu d'une armure organique créé par sa mère. L'IA Sol, intégrée à cette carapace, dialogue avec lui en permanence, questionnant chaque action, chaque conviction. Cette sorte de voix intérieure transforme les combats en débats existentiels. La violence devient le seul moyen de réponse face à l’oppression et à l'absurdité du monde.
Lois Lane évolue en chasseuse aguerrie au service de Lazarus. Elle incarne les contradictions de cette Terre corrompue. Lois semble à contre-courant de l’organisation Lazarus, qu’elle sert pourtant avec dévotion. Les premiers contacts avec Superman électrisent les planches, mélange d'attraction, de répulsion et de méfiance mutuelle.
Kal-El a fui sa planète devenue invivable alors qu’il était presque adolescent. Il est depuis un voyageur solitaire qui lutte contre les inégalités. Donnant des coups de mains remarquables en différents endroits de la planète sur des travaux durs (Inde, Botswana, Brésil, Bélarus, Mexique, Vietnam, Afrique du Sud, USA, Egypte). Ce qui finit par attirer l’attention de Lazarus Corp et aussi de l’organisation révolutionnaire des Omega Men. Mais Superman est un solitaire, un révolté.
Visuellement, Rafa Sandoval et le coloriste Ulises Arreola orchestrent une symphonie brutale. Leurs palettes de couleur oscillent entre les rouges alarmistes d’une Krypton mourante et les néons bleus agressifs de la Terre. Chaque case montre une tension palpable, chaque combat explose en gerbes de violence. Chaque coup de poing résonne comme un cri d'insurrection.
Jason Aaron propose un scénario qui tisse habilement des liens entre le passé traumatique et le présent révolutionnaire. Il transforme l'origine de Superman en période d’éducation du jeu Kal-El, ce qui explique son combat sur Terre contre l'aliénation et son aide apportée aux plus démunis ou aux opprimés. L’organisation des flash-back sur Krypton et le découpage des témoignages des différentes personnes qui ont croisé Superman donnent un dynamisme impeccable à votre lecture. Tout arrive au bon moment. Et vous laisse dans le flou le plus total en ce qui concerne Lazarus Corp, ce qui est tout à fait normal pour un premier tome.
Absolute Superman réussit à réinventer une icône sans la trahir. Cette version prolétaire du dernier fils de Krypton résonne d’autant plus à notre époque d'inégalités croissantes et de désastres écologiques. Jason Aaron et Rafa Sandoval signent ici un comics très intéressant, qui prouve que les mythes fondateurs peuvent encore surprendre et bouleverser.
Un Superman dont notre monde a bien besoin.
Xavier