Date de sortie : 10.10.2025
Autoproduction

1 – The Fall
2 – Insanity
3 – Circuspit
4 – The Edge
5 – Break The Silence
6 – Mirrors
7- The Secret
8 – Down
9 - Autumn

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L'autoproduction a parfois ce pouvoir fascinant de révéler la véritable essence d'un groupe, sans filtre ni compromis. C'est exactement ce qui se produit avec ce troisième chapitre Decay du groupe YERAO, formation tourangelle qui achève ici un cycle entamé il y a quelques années. Cet album conclusif ne se contente pas de refermer une trilogie : il impose une identité musicale où la fureur et la vulnérabilité coexistent dans un équilibre précaire, presque miraculeux.

L'architecture de ces neuf compositions dévoile un très intéressant jeu de contraste au sein de leur univers sonore néo-metal. Dès l'ouverture, avec The Fall, un texte de Jacques Prévert, le décor se plante : une déclaration parlée qui prépare une véritable avalanche. Tout s’emballe avec Insanity, déferlante de guitares saturées et de rythmes martelés qui alternent avec des respirations atmosphériques savamment calculées.

Mais là où le disque révèle son véritable intérêt, c'est dans son audace stylistique décomplexée. Circus Pit injecte des résonances reggae totalement inattendues au cœur d'un riff acéré bien metal. Mirrors pousse cette logique à son paroxysme : imaginez un maelström au sein duquel se télescopent des explosions metal, des breaks disco sombres et des accélérations punks, le tout maintenu par un fil mélodique. Cette schizophrénie contrôlée reflète parfaitement les tourments intérieurs que l'album explore.

La basse gronde, la batterie frappe avec précision et de nombreuses variations, tandis que les guitares naviguent entre lourdeur massive et envolées cristallines. Cette richesse sonore vous propose une expérience où les sensations physiques se mêlent aux émotions brutes.

Au centre de cette tempête, vous avez la voix. Le spectre est large : du murmure torturé au hurlement libérateur, en passant par des passages chantés. Break The Silence illustre parfaitement cette large palette, commençant par un spoken word tendu en français avant de basculer vers un refrain anglophone explosif. Cette alternance linguistique et stylistique amplifie l’impact de cette chanson.

Les thématiques abordées plongent dans les abysses de la psyché humaine : déception, rage contenue, désir de renaissance. Les textes portent une authenticité tangible, comme un journal intime transformé en composition sonore.

Ce troisième chapitre s'inscrit dans une filiation claire avec les grands groupes du genre, de Bring Me The Horizon à Deftones, en passant par Slipknot, System of a Down ou Metallica. YERAO sculpte en même temps sa propre identité sonore pour mieux vous surprendre et marquer son territoire. L'album fonctionne comme un exutoire collectif, une déflagration émotionnelle.

La décomposition promise dans le titre de l’album ouvre finalement sur une forme de régénération, prouvant que de la noirceur peut émerger une lumière inattendue.

Xavier