Date de sortie : 06.12.2024
label : Eonian Records
https://www.wildstreetmusic.com/fr
Il y a quelque chose de touchant dans cette démarche de Wildstreet. Quand Eric Jayk et sa bande décident de compiler leurs deux premiers albums dans ce double CD “Origins”, ils assument pleinement leur héritage. Pas de faux-semblants : nous sommes face à un groupe new-yorkais qui, depuis 2006, cultive un amour sincère pour le sleaze rock des années 80. Et ça se sent dès les premières notes.
La formation actuelle (Eric Jayk au chant et à la guitare, Wrath Starz à la six-cordes, Kevin R. Scarf à la basse et DD Star derrière les fûts) livre ici une leçon de maîtrise technique. La production, notamment celle supervisée par Mutt Lange sur certains titres, offre une clarté saisissante. Les guitares mordent, la section rythmique frappe juste, et la voix râpeuse d’Eric Jayk épouse parfaitement l’énergie débridée de morceaux comme “Poison Kiss” ou “Easy Does It”. Difficile de rester insensible à cette générosité sonore.
L’objet en lui-même mérite le respect. Eonian Records a soigné l’édition : photos inédites, paroles complètes, historique du groupe… Le package séduit d’emblée les collectionneurs. Cette compilation rassemble intelligemment “Wildstreet” (2009) et “Wildstreet II… Faster… Louder!” (2011), enrichis de raretés comme une reprise surprenante de “All The Young Dudes” de Bowie ou l’instrumental contemplatif “Midnight Gypsy”.
Pourtant, force est de constater que “Origins” n’apporte aucune nouveauté. Si l’on retrouve toute la fougue de Guns N’ Roses, l’efficacité de Def Leppard ou l’attitude de Mötley Crüe, Wildstreet reste prisonnier de ces influences. Les 21 titres, malgré leurs qualités indéniables, s’enlisent dans une reproduction quasi académique des codes du genre. Riffs prévisibles, structures immuables, thématiques éculées… L’ensemble manque cruellement de cette étincelle qui ferait la différence.
Le plus frustrant reste cette impression de linéarité. Certes, quelques ballades comme “For So Long” tempèrent l’ardeur générale, et des titres plus rapides comme “Hot Lixx” réveillent les plus fervents fans. Mais l’ambiance générale demeure étonnamment uniforme. Sur la durée d’un double album, cette monotonie finit par peser. On attend un déclic, cette surprise qui ne vient finalement jamais.
Stephen Craig, patron d’Eonian Records, résume bien l’esprit de cette compilation : “Leur son me ramène à une époque où le rock roulait sur la débauche et le fun.” C’est exactement cela. Wildstreet nous offre un voyage nostalgique, techniquement irréprochable, mais sans véritable destination nouvelle.
“Origins” remplit parfaitement son rôle de capsule temporelle. Pour les amoureux inconditionnels du sleaze des années 80, c’est un rendez-vous parfait. Pour les autres, c’est un album honnête qui se contente de bien faire ce qu’on attend de lui, sans jamais oser davantage.
Xavier