Date de sortie : 07.03.025
Label : Metal Blade Records
Lineup:
Phil Bozeman — Vocals
Ben Savage — Guitar
Zach Householder — Guitar
Alex Wade — Guitar
Gabe Crisp — Bass
Brandon Zackey — Drums
Après avoir exploré les territoires plus mélodiques de leurs précédents opus, les vétérans du deathcore de Knoxville reviennent en force avec un album qui redéfinit les codes de l’extrême. Hymns in Dissonance propulse Whitechapel vers de nouveaux sommets de créativité brutale.
Une violence conceptuelle maîtrisée
Dix-neuf ans après leurs débuts, le quintet livre une œuvre remarquable. Cet album vous raconte l’histoire d’un culte satanique orchestrant la résurrection de son maître à travers les sept péchés capitaux. Ce concept offre un cadre thématique parfait pour déployer une violence musicale sans précédent. Cette approche transforme chaque composition en chapitre d’un récit horrifique où la dissonance devient un véritbale langage spirituel inversé.
Phil Bozeman grâce à sa palette vocale, explore tous les registres possibles, du murmure inquiétant aux hurlements déchirants. L’abandon des parties mélodiques lui permet de retrouver une sauvagerie primitive.
Brandon Zackey, définitivement intégré depuis 2022, a des patterns rythmiques d’une complexité folle, alternant blast beats dévastateurs et grooves hypnotiques.
“Prisoner 666” ouvre le rituel par une introduction cinématographique qui vous plonge immédiatement l’auditeur dans l’univers occulte du disque. “Hymns in Dissonance” impose un mur de son terrifiant, mélange parfait entre technique moderne et brutalité primitive. “Diabolic Slumber” incarne l’apathie destructrice par des structures imprévisibles. “A Visceral Retch” explore la gourmandise démoniaque avec des riffs grotesques et des effets de pitch shifting saisissants. L’interlude “Ex Infernis” offre un répit orchestral perturbant, utilisant des arrangements monastiques détournés pour créer une ambiance rituelle. “Hate Cult Ritual” déchaîne la colère pure avec une férocité black metal, tandis que “The Abysmal Gospel” fusionne slam, grind et influences mélodiques dans un équilibre improbable, mais parfaitement maîtrisé. “Bedlam” est une référence subtile à l’héritage du groupe tout en poussant leur créativité vers de nouveaux territoires. “Mammoth God” ose un solo aux accents rock au cœur du chaos, démontrant la capacité du groupe à intégrer des éléments contrastés sans rompre l’unité artistique de l'album. “Nothing Is Coming For Any Of Us” clôt l’expérience sonore par une épopée de plus de six minutes, synthèse parfaite de toutes les influences explorées.
Cet album marque une rupture consciente avec l’introspection thérapeutique des albums précédents. En abandonnant les thèmes personnels pour une fiction horrifique, Whitechapel retrouve une liberté créative totale qui se traduit par une musique très lourde.
Les références techniques sont impressionnantes : accordages multiples (Drop G, Drop F, Drop A), influences assumées du death metal classique, intégration d’éléments black metal et incorporation d’arrangements orchestraux. Cette diversité stylistique aurait pu créer de la confusion, mais la vision unificatrice du concept narratif maintient une cohérence artistique exemplaire.
Hymns in Dissonance est un pur produit de deathcore moderne. Whitechapel y démontre qu’innovation et brutalité ne sont pas antinomiques, créant une œuvre qui respecte l’héritage du groupe tout en repoussant ses frontières.
C’est un album qui exige une écoute en intégralité, une expérience immersive où chaque seconde participe à l’édification d’un monument de métal extrême. Un chef-d’œuvre de maturité créative qui confirme le statut de Whitechapel, qui trône toujours au sommet du deathcore.
Xavier