Date de sortie : 08.11.2024
Label : M&O

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Les titres de cet album

1. Affres de paix (intro)
2. BarBack
3. Naître ou ne pas être
4. Des mots pour arme
5. Néophyte FmR
6. Perdition pérenne
7. Des raisons featuring Gevaudan / Demande à la poussière
8. La belle vie
9. R à voir
10. Conte de faits
11. Tout va bien
12. Imiter la classe featuring TEMP kids

 

Une déflagration punk-hardcore qui bouscule l'ordre établi

Surgissant des profondeurs de l'underground français, T.E.M.P. s'impose avec Affres de Paix comme une force musicale incontournable dans le paysage punk-hardcore hexagonal. Sorti le 8 novembre 2024, ce nouvel opus capture l'essence d'un groupe qui refuse tout compromis, privilégiant une authenticité brute à toute forme d'artifice commercial.

Leur ADN musical : entre rage et lucidité

L'identité sonore de T.E.M.P. se construit autour d'une fusion détonnante : riffs incisifs de guitares saturées, rythmiques lourdes et puissantes, voix tour à tour claire, rauque, saturée qui déchirent les faux-semblants. Le groupe cultive une approche DIY assumée, notamment via des financements participatifs qui garantissent leur indépendance artistique. Cette liberté créative traverse chaque note de l'album.

La production, délibérément directe, capture l'énergie live du groupe sans la dénaturer. Point de fioritures inutiles ici : chaque instrument prend sa place dans un ensemble cohérent qui sert avant tout le message. Entre punk, hardcore et touches de métal urbain, Affres de Paix navigue avec fluidité à travers différentes ambiances tout en conservant une identité propre.

Affres de Paix est un concept-album qui explore les fissures d'une société en apparence pacifiée, mais rongée par des tensions souterraines. Ces douze titres constituent un récit sombre qui est aussi traversé par une lueur d'espoir obstinée. Entre colère collective et introspection personnelle, T.E.M.P. dresse le portrait d'un monde en décomposition tout en esquissant les contours d'une possible résistance.

La force de l'album réside dans sa capacité à marier des paroles intelligentes et violence sonore. Les textes, ciselés avec précision, dénoncent avec une vérité crue les travers de notre société : inégalités économiques, hypocrisie sociale, formatage médiatique et désillusions générationnelles. Loin des discours convenus, les paroles oscillent entre poésie urbaine et pamphlet social. 

  1. Affres de paix (intro)
    L'album s'ouvre sur une introduction atmosphérique inquiétante. Nappes dissonantes, bruits industriels et murmures étouffés créent une tension prémonitoire qui vous prépare a l'assaut sonore qui va suivre.
  2. BarBack
    Premier uppercut de l'album, ce manifeste de résistance frappe par son énergie frontale. Les guitares et la batterie rappellent l'intensité des mosh pits, tandis que le refrain chanté en chœur évoque une camaraderie insurgée. Le groupe clame son refus des diktats sociaux avec une détermination palpable.
  3. Naître ou ne pas être
    Jeu de mots shakespearien pour un titre qui questionne l'existence avec lucidité. Sur un tempo ponctué de breakdowns, le groupe dépeint un monde hostile où naître équivaut à subir des héritages toxiques et des crises climatiques. L'alternance entre rage et désillusion confère au morceau une profondeur émotionnelle saisissante.
  4. Des mots pour arme
    Ce titre transforme le langage en arsenal de combat. Les mots y sont comparés à des "mitraillettes" et des "roquettes", plus tranchants que les balles. La production minimaliste met en valeur le flow précis et percutant, créant un sentiment d'urgence palpable.
  5. Néophyte FmR
    Critique acerbe de l'industrie musicale et de ses mécanismes d'exclusion, ce morceau fustige les artistes formatés, "saignés" par un système vorace. La structure punk classique est subvertie par des ruptures mélodiques qui soulignent l'absurdité du star-system.
  6. Perdition pérenne
    Récit caustique sur la célébrité éphémère, ce titre se distingue par son ambiance pesante et son texte poignant. Les riffs lourds et le tempo pesant évoquent une descente aux enfers.
    Perdition pérenne raconte l’effondrement d’un musicien talentueux aspiré par le mirage d’un télé-crochet. Séduit par l’appât du « cash virtuel » et de la gloire instantanée, il abandonne son art authentique pour se soumettre aux règles impitoyables du showbiz. Mais le succès se révèle éphémère : humilié, ruiné et rongé par l’ego, il se retrouve seul, confronté à son image ternie, passant des « étoiles aux égouts ». La chanson dénonce avec férocité l’industrie du divertissement, machine à broyer les rêves qui transforme les artistes en « merdes » jetables, condamnés à une perdition éternelle. Le final glaçant scelle ce destin tragique, où même la mort n’efface pas l’amertume d’avoir vendu son âme pour rien.
  7. Des raisons (feat. Gevaudan / Demande à la poussière)
    Collaboration marquante qui apporte une dimension supplémentaire à l'album. Entre désespoir et espoir, le texte interroge la possibilité de retrouver l'essence perdue. L'atmosphère post-hardcore et les parties de chant feutré contrastent avec les hurlements, créant une tension narrative captivante.
  8. La belle vie
    Sous des sonorités presque légères se cache une satire mordante de la quête de perfection sociale, où l'argent rend beau, mais vide l'âme. La mélodie entêtante et les riffs grinçants jouent sur l'ambiguïté entre apparence et réalité, rendant le morceau aussi addictif que percutant.
  9. R à voir
    Jeu de mots sur les initiales du groupe, ce titre invite à remettre en question les évidences établies. Le flow rapide, presque rappé, sur une base hardcore avec des breaks brutaux, souligne l'urgence de développer un esprit critique face au conformisme ambiant.
  10. Conte de faits
    Ce morceau propose une histoire où réalité et fiction se confondent. Utilisant des références aux contes (Blanche-Neige, Petit Poucet) pour décrire une dépendance destructrice, l'ambiance lugubre et les riffs traînants imitent parfaitement une spirale infernale.
  11. Tout va bien
    Avec un titre ironique qui sonne comme un mantra désespéré face au chaos, ce morceau expose l'absurdité de l'auto-persuasion. Le contraste entre couplets sombres et refrain avec une délicate énergie symbolise le déni collectif face aux crises contemporaines.
  12. Imiter la classe (feat. TEMP kids)
    Final explosif où la condamnation de l'hypocrisie sociale atteint son paroxysme. Les "TEMP kids" scandent des refrains innocents qui soulignent l'absurdité des prétentions adultes. Ce mélange détonnant de metal et de chœurs enfantins vous laisse dans un doux chaos.

 

Affres de Paix est un miroir tendu à notre époque. T.E.M.P. réalise une œuvre à la fois viscérale et intellectuellement stimulante. Le groupe est bien engagé.

Entre fureur et poésie, cet album diffuse le pouvoir subversif du rock. T.E.M.P. ne propose pas de solutions toutes faites, mais offre une arme redoutable : la lucidité. Une œuvre brute, authentique, qui marquera les esprits.

Une musique qui mord, des textes qui dérangent : une belle énergie. 

 

Xavier