Date de sortie : 25.04.2025


TRACKLIST
1.
Ajar
2. An Ungrateful Wreck of Our Ghost Bodies
3. 
The Bent Neck Lady
4. 
Skinned Teeth
5. 
Le point de non-retour
6. 
Iecur
7. Der
8. The Bent Neck Lady (radio edit)

https://pointmortband.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/PointMortBand
https://www.instagram.com/pointmortband

 

En résumé : POINT MORT redessine le post-hardcore dans un chaos poétique. Entre fureur et mélancolie, l’album électrise par son audace et sa vulnérabilité brute.

L'album "Le point de non-retour" du quintet parisien POINT MORT redéfinit les contours du post-hardcore. Sorti le 25 avril 2025 via Almost Famous, ce deuxième opus confirme le talent et la force créatrice qui anime un groupe à l'identité singulière.

Dès les premières notes de " Ajar", introduction ambient trompeuse qui ouvre l'album, POINT MORT établit une tension qui ne cessera de se métamorphoser. Cette ouverture cède rapidement la place à "An Ungrateful Wreck of Our Ghost Bodies", en dix minutes le groupe déploie tout son arsenal : riffs black metal déchirants, ruptures calculées et section trip-hop envoûtante avant une conclusion pleine d’emphase. Cette capacité à mêler violence extrême et respirations contemplatives devient la signature de l'album.

"The Bent Neck Lady" surprend par son introduction folk-acoustique avant de plonger dans des déferlements techniques où les guitaristes Olivier Millot et Aurélien Sauzereau démontrent une maîtrise époustouflante. En contrepoint, "Skinned Teeth" offre quatre minutes d'urgence punk viscérale, rappelant l'énergie brute des débuts du hardcore. Le titre éponyme, "Le point de non-retour", révèle une dimension plus expérimentale avec ses structures pop-metal et ses passages de chant hip-hop, tandis que "Iecur" et "Der" assurent une fin d'album dans une ambiance doom pesante, mais lumineuse.

La performance vocale de Sam Pillay constitue l'un des piliers de cette œuvre. Sa polyvalence exceptionnelle lui permet d'alterner screams gutturaux, chants clairs mélodiques, flow hip-hop et murmures introspectifs. Cette palette vocale, rare dans le paysage métal, sert parfaitement des textes d'une profondeur saisissante qui explorent la perte d'identité, l'aliénation et les questionnements existentiels.

Les paroles évitent les clichés du genre pour construire une mythologie personnelle où la vulnérabilité devient force.

1. " Ajar" : cette chanson évoque un "Dieu en bas" et des mensonges connus. Elle explore des thèmes de poursuite intérieure, de disgrâce et de peur, mais aussi la recherche d'un ancrage. Le symbole (Om) suggère une dimension spirituelle ou méditative.

2. "An Ungrateful Wreck of Our Ghost Bodies" : une exploration profonde de la perte d'identité. Le narrateur décrit un sentiment de détachement de soi-même, des difficultés d'expression, et l'impression d'être un fantôme dans son propre corps. Le texte évoque également un passé qui ressemble à "un vieil écho" et la sensation d'être "juste pas là".

3. "The Bent Neck Lady" : cette chanson, probablement inspirée du personnage de la série "The Haunting of Hill House", traite de la peur et de la hantise. Le narrateur est tourmenté par une présence effrayante qui déchire son esprit. Les paroles décrivent une peur paralysante et une figure menaçante qui semble omniprésente.

4. "Skinned Teeth" : un morceau qui évoque la lutte et la résistance à travers des images corporelles intenses. Le narrateur parle d'être "coincé dans sa poursuite" et "déplacé". Le texte suggère une tension entre l'immobilité forcée et le désir de mouvement, avec des références à la folie et à la douleur.

5. "Le point de non-retour" : cette chanson traite de l'atrophie, du sentiment d'être arrivé à un seuil critique. Elle présente des métaphores de bougie fondue et d'émotions refoulées comme la colère et la soif. Le narrateur parait lutter contre ses propres limites et le temps qui passe.

6. "Iecur" : le mot "Iecur" (foie en latin, souvent associé aux émotions dans l'Antiquité) introduit une chanson sur le besoin de validation. Le narrateur demande qu'on lui confirme qu'il "fleurira à nouveau" malgré les jugements extérieurs qui le font sentir insuffisant. La chanson évoque le sentiment d'être sacrifié et incompris, avec un fort désir de reconnaissance.

7. "Der" : cette dernière chanson explore des thèmes de perte et de mémoire, avec des images aquatiques prédominantes. Elle évoque des "rires noyés" et des âmes perdues, suggérant une tragédie liée à l'eau. Le texte parle de "souvenirs qui sont des luttes" et de "foyers joyeux transformés en ombres aqueuses", créant une atmosphère de deuil et de mélancolie.

Ces chansons explorent les profondeurs de l'expérience humaine, particulièrement les aspects liés à l'identité troublée, à l'anxiété, à la peur existentielle et à la recherche de validation face à un monde souvent hostile ou indifférent.

 

 

Enregistré au studio The Apiary à Laval sous la direction d'Amaury Sauvé et masterisé par Thibault Chaumont, "Le point de non-retour" bénéficie d'une production irréprochable qui parvient à capturer l'énergie sauvage du groupe tout en sculptant chaque détail. La section rythmique, composée de Damien Hubert à la basse et Simon Belot à la batterie, déploie une précision chirurgicale qui sert de bases solides et permet toutes les envolées expérimentales des guitares.

Les transitions abruptes et les contrastes dynamiques ne semblent jamais gratuits, mais servent une narration sonore cohérente, transformant chaque morceau en un chapitre d'un voyage sonore.

"Le point de non-retour" marque une évolution significative dans l'approche créative de POINT MORT. Là où le premier album privilégiait une énergie brute, ce nouvel opus révèle une ambition presque cinématographique, avec des arrangements complexes.

En fusionnant post-hardcore, black metal, shoegaze, pop et hip-hop, POINT MORT fait voler en éclat les étiquettes pour créer une expérience musicale qui place le groupe dans une lignée d'innovateurs et de créateurs.

"Le point de non-retour" a en plus cette qualité d’être facile d'accès, malgré sa complexité. Par sa densité émotionnelle, sa maîtrise technique et son audace créative, cet opus s'impose comme l'une des sorties majeures de ce printemps 2025.

POINT MORT repousse les limites du possible et embrasse le chaos pour mieux se réinventer. Un album qui exige engagement et attention. Et qui offre en retour une odyssée sensorielle où fureur et mélancolie coexistent dans un équilibre précaire et fascinant.

 Xavier