Date de sortie : 22/09/2025
Label : Polydor
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Lorsque Jake Kiszka décide de s'affranchir temporairement de Greta Van Fleet pour explorer de nouveaux territoires sonores, c'est avec une intention claire : retrouver l'essence primitive du rock, loin des attentes et des projecteurs. Aux côtés de Chris Turpin, figure du duo Ida Mae rencontré lors d'une tournée commune en 2018, le guitariste américain forge Mirador, formation complétée par Mikey Sorbello à la batterie et Nicki Pini à la basse. Leur premier album éponyme, capté en conditions quasi live sous la houlette du producteur Dave Cobb et publié via Polydor, est une déclaration d'indépendance artistique.
Dès l'ouverture avec le titre Feels Like Gold aux riffs massifs et à l'énergie débordante, l'album affiche ses ambitions : délivrer un rock qui transpire l'authenticité. La production volontairement dépouillée privilégie la capture d'une tension électrique immédiate, comme si l'on assistait à une session d'enregistrement sans artifice. Cette approche confère à l'ensemble un rendu organique, particulièrement perceptible sur certaines plages, comme Blood and Custard où le son semble presque sortir d'un garage des années soixante-dix.
L'architecture des compositions révèle une maîtrise remarquable des contrastes. Le disque oscille constamment entre puissance brute et moments de grâce suspendue comme sur Must I go bound. Feels Like Gold démarre sur une attaque franche avant de s'élever vers des sphères aériennes ; Raider surprend par un break folk inattendu qui injecte une vulnérabilité bienvenue au cœur de la tempête électrique. Les soli de guitare tranchent avec précision, portés par le jeu libéré de Jake Kiszka qui parais enfin s'exprimer sans contrainte. La section rythmique, minimaliste, mais diablement efficace, pulse avec justesse, tandis que des arrangements subtils (cordes atmosphériques, harmonica, quelques touches de banjo sur Ten Thousand More To Ride) enrichissent la palette sonore de Mirador.
Le duo vocal constitue l'un des atouts majeurs de cette proposition. Chris Turpin apporte une gravité rocailleuse, une voix usée par les intempéries qui ancre les morceaux dans une humanité palpable. En alternance ou en communion avec les envolées plus claires de Jake Kiszka, les deux hommes portent des textes empreints de fatalisme et de quête spirituelle : destins capricieux, chaînes invisibles, errance sur les routes infinies. Ces thématiques s'inscrivent dans la grande tradition blues-rock tout en résonnant avec notre société contemporaine.
Inévitablement, les références émergent : Led Zeppelin pour les architectures épiques, les Rolling Stones période roots pour la sueur et la poussière, Rival Sons pour la fougue actuelle. Dans le même temps, Mirador parvient à forger sa propre identité, plus sauvage et moins démonstrative que les projets dont sont issus ses membres. Le groupe ne revisite pas le passé par nostalgie, il l'utilise comme fondation pour construire quelque chose de vivant.
Si l'ancrage vintage constitue la force de ce premier chapitre de la longue vie que nous souhaitons à Mirador. Le rock possède encore du sang dans les veines et des griffes acérées avec Mirador.
Un premier tir précis, brûlant d'authenticité et magnifiquement humain.
Xavier