
Date de sortie : 07.11.2025
Label : Klonosphere
01- Leftovers
02- Fall over
03- In situ
04- Roads
05- Précipice part III
06- Carré d'as
07- Lev-ken
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In Situ, nouvel opus des Parisiens de MAUDITS marque une rupture assumée : pour la première fois de leur histoire, le quatuor ose briser le silence et accueillir, sur quelques titres, du chant au cœur de leurs architectures sonores. Cette évolution développe et magnifie leur musique.
L'intégration définitive du violoncelliste Raphaël Verguin transforme radicalement la palette du groupe. Son instrument ne vient pas simplement s'ajouter aux guitares saturées et aux nappes électroniques : il les fait respirer, créant des espaces de tension. Dès "Leftovers", morceau d'ouverture qui déploie une montée progressive hypnotique, cette nouvelle dimension s'affirme. Un saxophone surgit comme une apparition fantomatique, dialoguant avec les cordes dans un clair-obscur fascinant. La production de Frédéric Gervais au Studio Henosis capte cette densité avec une précision remarquable : chaque strate sonore trouve sa place, de la batterie tranchante de Christophe Hiegel aux basses telluriques d'Erwan Lombard.
"Fall Over" confirme cette maîtrise des contrastes. Le morceau jongle entre déflagrations doom et passages délicats, où le piano vient adoucir les aspérités d'une composition qui refuse toute linéarité. Les ruptures s'enchaînent sans heurt. Cela vient d’une écriture concentrée, instinctive, qui privilégie l'impact brut.
L'arrivée du chant constitue l'autre grande mutation d'In Situ. Sur "Roads", reprise subtile de Portishead, Mayline Gautié (Lůn) dépose sa voix. Une belle réappropriation. À l'opposé du spectre, "Carré d'As" voit Olivier Lacroix (Erlen Meyer, Novembre) délivrer une performance écorchée, entre spoken word et cri primal. Sa diction traînante, presque hallucinée, s'encastre dans des riffs dissonants pour créer un sommet cathartique d'une rare intensité.
Entre ces pôles, le titre "In Situ" offre une respiration acoustique : deux minutes suspendues, captées en extérieur (écoutez l’interview pour en apprendre davantage), qui ramènent un côté organique. "Précipice Part III" déploie des sonorités aux accents moyen-orientaux, mêlant méditation et déferlements massifs dans un équilibre savant.
In Situ puise dans un imaginaire riche avec des textures cinématographiques. Le groupe forge sa propre identité, celle d'un post-metal français qui ose la vulnérabilité autant que la brutalité. Le final "Lev-Ken" incarne cette ambition : huit minutes où chaque instrument s'exprime tour à tour dans un crescendo maîtrisé qui referme l'album sur une note d'espoir malgré les ténèbres.
Avec In Situ, MAUDITS ne se contente pas d'évoluer : le groupe se réinvente, embrassant la lumière sans renier l'ombre. Un disque qui se vit intensément.
Xavier