
Date de sortie : 07.11.2025
Label : Les acteurs de l'ombre
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Quinze ans que les Lyonnais de MALEPESTE sculptent leur black metal comme on taille dans la chair : avec une précision chirurgicale et une brutalité qui ne pardonne rien. Ex Nihilo, troisième salve chez Les Acteurs de l'Ombre Productions, arrive après huit années de gestation marquées par la pandémie et un détour vers le side-project Grande Loge. De la rudesse primitive de Dereliction (2013) au virage de Deliquescent Exaltation (2015), le quintet a affiné sa lame. Connus pour transformer leurs concerts en véritables liturgies occultes, MALEPESTE sonde désormais la genèse elle-même : créer à partir du vide, quitte à s'y consumer.
Ex Nihilo fonctionne comme un mécanisme détraqué où chaque rouage grince sous la pression de l'abîme. Les structures se tordent, alternant tempos funèbres écrasants et déferlantes de blast beats. Xahaal et Herjann ont des riffs dissonants qui s'enroulent comme des chaînes autour de vous. Tandis que la basse de Nostra pulse tel un cœur à l’agonie. Flexor martèle avec une précision implacable, jouant des silences et des ruptures pour accentuer l'asphyxie. La production organique et brutale crée un mur sonore dense où chaque note pèse comme du plomb. Les passages atmosphériques, plutôt des râles venus des limbes.
Ab Chaos ouvre les hostilités avec des arpèges voraces surgissant d'un battement sourd. Quaestionis étrangle avec ses breaks suffocants, questionnement existentiel jeté dans le vide comme une supplication sans réponse. Mais c'est Imperium qui délivre le coup le plus violent : un crescendo apocalyptique, proclamation guerrière où la rage monte en tension. Stupor libère une rage brute et désordonnée, flamme éthérée qui perce la peau comme un feu noir venu des profondeurs, tandis que les échos du passé saturent l'esprit de mensonges et de terreur fascinée. Acceptio chuchote l'effroi dans une transe mécanique face au néant, tandis que Relapsus referme le cycle dans les cendres de la rechute.
Le chant de Larsen incarne parfaitement ce vertige sacrificiel. Incantatoire, rauque, il se love dans les dissonances pour hurler en français et en anglais la malédiction de l'existence. Des chœurs clairs fantomatiques surgissent sporadiquement comme des âmes spectatrices impuissantes. Les textes explorent le cycle complet de la création : élan fiévreux, orgueil dominateur, stupeur, doute déchirant, acceptation mortifère. Ex Nihilo est une introspection nihiliste qui sonde le prix du geste artistique, ce feu intérieur qui consume celui qui ose créer.
Ex Nihilo est un album qui ne respire jamais, exigeant une soumission totale à son univers âpre. Oui, ça arrache les tripes. Du black metal qui vous fait affronter l'abîme sans concession.
Xavier