Date de sortie : 10.10.2025
Label : Les acteurs de l'ombre

1.La Forêt 05:25
2.L’Âme sans repos 04:27
3.Vers l’Étoile solitaire 03:52
4.Le Chevalier au corbeau 03:43
5.Ord Vil Merdos 05:00
6.Le Val dormant 07:25
7.Les Chemins de l'exil 04:11
8.La Chevauchée cadavérique 04:36
9.Sous la Couronne de l’Éternité 08:08

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Depuis leur début Les Bâtards du Roi sculptent un univers où le métal extrême dialogue avec la littérature médiévale. Ce second album confirme leurs ambitions : transformer la violence sonore en véritable théâtre de la déchéance. À travers neuf compositions qui explorent la chute d'un royaume et l'errance de ses princes déchus, le groupe livre une œuvre aussi brutale qu'introspective, où chaque titre constitue un chapitre d'une tragédie sans rédemption possible.

L'ouverture avec "La Forêt" plante immédiatement le décor : avec ses instruments à cordes qui vous font remonter le temps, jusqu’à ce que vous fauche la déferlante black metal. Ce morceau fondateur illustre parfaitement la dualité de l'album, oscillant entre passages dévastateurs et respirations atmosphériques. Le personnage de Sylvain, "fils de la fée des haies", incarne cette quête initiatique dans un monde où la justice n'existe plus. Les guitares y dessinent des paysages désolés, tandis que la batterie martèle une marche inexorable vers l'abîme.

"L'Âme sans repos" marque un tournant dans la narration. Ici, le pacte démoniaque et la damnation éternelle trouvent leur expression dans des tempos assourdissants, des nappes glaciales qui enveloppent l'auditeur comme un linceul. Les voix passent du hurlement à l'incantation sur les passages plus calmes, créant une atmosphère de malédiction tangible. La basse gronde en profondeur, évoquant les forces infernales qui réclament leur dû.

"Vers l'Étoile solitaire", adaptation du poème de Victor Hugo, constitue le cœur émotionnel de l'album. L'exil, la séparation, le deuil des êtres chers : ces thèmes universels résonnent avec une puissance décuplée dans ce cadre médiéval. Les guitares y tissent des mélodies plaintives qui évoquent autant la grandeur romantique du XIXe siècle que la noirceur viscérale du black metal contemporain.

Le titre éponyme "Le Chevalier au corbeau" révèle toute la maîtrise mélodique du groupe. Entre violence et contemplation, ce morceau explore le fol espoir de trouver l'amour dans un univers de désolation. Les soli accompagnent cette quête désespérée d'une âme meurtrie.

"Le Val dormant" réinterprète la légende du cavalier sans tête avec une mélancolie déchirante, tandis que "Les Chemins de l'exil" et "Sous la Couronne de l'éternité" forment un diptyque magistral sur la damnation et la quête spirituelle. Le protagoniste y erre dans un monde en flammes, témoin impuissant de sa propre déchéance. Enfin, "La Chevauchée cadavérique" clôt ce voyage par une apocalypse sonore où cavaliers spectraux traversent un univers agonisant.

Le chant oscille entre rage bestiale et déclamation théâtrale sans jamais sombrer dans l'outrance. Cette approche narrative transforme chaque titre en scène d'une pièce macabre. Les textes touche à l'essence même de la tragédie humaine : la trahison fraternelle, la soif de pouvoir, l'impossibilité du pardon.

Les Bâtards du Roi signent une œuvre exigeante. Entre fureur primitive et sophistication mélodique, cet album s'adresse à ceux qui sont prêts à s'abandonner à une expérience immersive.

 

Xavier

 

Photo : faallaway