Date de sortie : 11.07.2025
Label : Season of mist

Tracklist:
1. Verdiales (1:15)
2. Bajo las Tizonas de Toledo (6:25)  https://www.youtube.com/watch?v=2gW-K-kwsDM 
3. Covadonga (4:01)
4. Pestilencia (4:44)  https://www.youtube.com/watch?v=k95eykxOnKw 
5.
Reconquistar Al-Ándalus (5:25)  https://www.youtube.com/watch?v=42TwalcvWfY&t=3s 
6.
Murallas (2:24)
7. La Orden del Yelmo Negro (4:57)  https://www.youtube.com/watch?v=oSDN-n_hVlc&t=1s 
8.
Castigos Eclesiásticos (6:06)
9. El Ejército de los Fallecidos de Alarcos (5:18)
10. Ruina del Alcázar (1:37)
11.
Santa Inquisición (6:26)
Full runtime: 49:02

Lineup:
Esteban Martín – All Vocals
Lionel Cano Muñoz – Rhythm, Lead & Spanish Guitars
Florian Saillard – Fretless Bass
Guilhem Auge – Drums

 

 

Quand la Reconquista embrase le death metal

Depuis maintenant deux décennies, IMPUREZA cultive un art singulier : l'alchimie entre la ferveur andalouse et la brutalité du death metal. Avec Alcázares, leur troisième opus paru chez Season of Mist, le groupe livre une œuvre d'une densité dramaturgique saisissante.

Un concept historique au service de l'intensité sonore

L'album plonge ses racines dans les terres ensanglantées de la Reconquista, cette épopée médiévale qui façonna l'identité ibérique entre 722 et 1492. Chaque titre devient ainsi une fresque historique minutieusement orchestrée. L'ouverture instrumentale "Verdiales" établit l'atmosphère andalouse puis "Bajo las Tizonas de Toledo" n'évoque le mercenaire légendaire du Cid, naviguant entre héroïsme et trahison sous les épées de Tolède. "Covadonga" ressuscite la bataille fondatrice de 722 où Don Pelayo initia la résistance chrétienne.

"Pestilencia" plonge dans l'horreur des épidémies qui ravagèrent l'Hispanie médiévale, peignant un tableau apocalyptique de cadavres et de désolation divine. "Reconquistar Al-Ándalus" célèbre la chute de Grenade en 1492, marquant la fin de huit siècles de présence musulmane dans la péninsule. Les interludes instrumentaux "Murallas" et "Ruina del Alcázar" évoquent respectivement l'architecture défensive et la destruction des forteresses, ponctuant le récit de respirations contemplatives.

"La Orden del Yelmo Negro" rend hommage aux Templiers et aux ordres militaires chrétiens, ces guerriers religieux qui menèrent les croisades ibériques. "Castigos Eclesiásticos" et "Santa Inquisición" explorent les faces les plus sombres du catholicisme militant, avec les tribunaux et les tortures de l'Inquisition espagnole. "El Ejército de los Fallecidos de Alarcos" invoque la nécromancie médiévale et ressuscite les morts de cette bataille de 1195 pour une dernière charge spectrale. Cette chronologie thématique crée une belle dramaturgie.

Tout au long de l’album Alcázares, Lionel Cano Muñoz déploie une maîtrise à la guitare époustouflante, alternant entre riffs death metal à la technique redoutable et arabesques flamencos bouleversantes. Ces deux langages musicaux s'entremêlent, créant un nouveau phrasé où chaque transition est naturelle.

La section rythmique, avec Florian Saillard à la basse fretless et Guilhem Auge à la batterie, constitue le socle de cette architecture sonore complexe. La basse serpente avec une fluidité mélodique remarquable, apportant une profondeur harmonique qui enrichit la palette sonore déjà très large d’IMPUREZA. La batterie, d'une précision chirurgicale, navigue avec aisance entre blast beats impitoyables et rythmiques syncopées héritées des traditions andalouses.

Les arrangements orchestraux, confiés à Louis Viallet, ainsi que les percussions de Xavier Hamon, complètent ce tableau avec une intelligence rare. Jamais superficiels, ces éléments additionnels participent pleinement à la construction dramatique de l'ensemble.

Une performance vocale au service du récit épique

Esteban Martín livre ici une prestation vocale remarquable, maniant avec une égale virtuosité les registres gutturaux et les passages chantés. Ses growls portent la fureur des batailles avec un côté théâtral saisissant. Les passages en chants clairs, comme sur "La Orden del Yelmo Negro", confèrent à l'ensemble une dimension épique qui renforce l'immersion historique.

Les thèmes abordés, des combats de la Reconquista aux tortures inquisitoriales en passant par les épidémies de peste, trouvent dans cette approche vocale une incarnation saisissante aussi réaliste que dramatique.

Sur Alcázares, les transitions sont fluides, l'équilibre entre brutalité et mélodie toujours raffiné, et l'identité du groupe s'affirme avec force. IMPUREZA y développe son langage unique.

Alcázares est le résultat de la créativité singulière d’IMPUREZA. Le groupe impressionne dans son rôle de fer de lance du métal hispanique. Cette œuvre totale, d'une exigence technique remarquable et d'une cohérence conceptuelle exemplaire, redéfinit les possibilités d’expression du métal extrême. Loin des facilités folkloriques, IMPUREZA livre ici une synthèse magistrale qui ouvre de nouveaux territoires à l'exploration musicale.

 

Xavier