Date de sortie : 09.05.2025
Autoproduction

Tracklist:

01. Intro
02. Ascheregen
03. Purpurne Stadt
04. Tagtraum
05. Alle Worte
06. Atme
07. Flüsse
08. Freund
09. Ära
10. Kalte Fliesen (Spoken Word Feature by Marc Laidlaw)

DAGDRØM are:

Sebastian - Guitar
Max - Vocals
Oli - Drums
Stefan - Bass
Julian – Guitar

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DAGDRØM livre avec Schauder un album qui frappe bien fort. Né à Würzburg en 2021, ce quintet allemand avait déjà posé ses griffes avec un EP éponyme centré sur Edmund Kemper. Trois ans plus tard, le groupe abandonne les crimes historiques pour sonder un territoire autrement plus oppressant : les gouffres psychologiques où l'esprit se fragmente. Schauder, c'est le frisson qui précède la chute, cette seconde suspendue avant que tout ne bascule.

L'album déploie une violence brute où les ruptures de rythme deviennent une arme redoutable. Les compositions de DAGDRØM fonctionnent comme des systèmes instables : elles mutent, se contractent, explosent. Ascheregen ouvre les hostilités avec des rafales de guitares et une batterie qui pilonne sans répit, avant de pivoter vers un passage aux teintes thrash qui dynamite les conventions. Cette capacité à faire dérailler les structures sans jamais perdre le fil constitue l'ADN de l'album. Purpurne Stadt empile les couches sonores jusqu'à saturation, puis relâche la pression avec des breaks inattendus, comme si le morceau lui-même cherchait à respirer entre deux assauts. Tagtraum illustre cette schizophrénie sonore : chaos dissonant ponctué d'une longue échappée atmosphérique qui laisse planer une fausse sérénité avant que la fureur ne reprenne ses droits.

La production confiée à Nikita Kamprad (Der Weg einer Freiheit) offre une qualité sonore de précision tout en préservant une rugosité lo-fi bien abrasive. Les blast beats d'Oli déferlent en cascades techniques, tandis que les guitares de Sebastian et Julian tissent des soli tranchants qui flirtent avec le post-black et le blackgaze agressif. Les riffs empruntent autant au heavy metal traditionnel (écoutez ces mélodies sombres qui hantent Alle Worte) qu'au black/thrash le plus véloce. La basse de Stefan ancre cette architecture vacillante, créant un socle solide pour des morceaux qui menacent constamment de s'effondrer sous leur propre poids.

Le chant de Max incarne parfaitement cette rage contenue. Hurlés, saturés, ses cris passent du growl caverneux aux nappes chorales fantomatiques qui planent sur certains passages. Pas de clarté artificielle ici : la voix reste crue, enfouie dans la masse sonore comme un dernier appel depuis les profondeurs. Les textes allemands explorent des territoires glaçants : visions apocalyptiques, frontières floues entre rêve et réalité, angoisses qui dévorent, relations qui se désintègrent. Ascheregen plonge dans l'isolement et le désir de rédemption, tandis que Tagtraum ausculte ces rêveries qui révèlent les failles de l'âme. Freund déstabilise avec ses riffs hurlants et ses breakdowns atypiques, puis bascule vers une brève apesanteur avant de repartir au combat. Alle Worte tempère l'agression avec des guitares claires façon rock 80's, un contraste qui souligne la détresse du chant. Le titre de fin qu’est Kalte Fliesen surprend par sa férocité. Après une intro très calme, les instruments vous percutent de manière brutale, flirtant avec le black metal le plus extrême, tout en ménageant des passages très atmosphériques, dans un état de rage qui clôt l'album en apothéose.

Schauder explose les frontières. Tout est broyé et recraché sous une forme hybride des plus teigneuses. Le groupe trace sa propre voie en transformant ses angoisses intimes en énergie brutale. Un album qui cogne dur et qui laisse présager une évolution passionnante pour ce quintet capable d'allier technique et émotion à vif.

 

Xavier