
Date de sortie : 17.10.2025
Label : Kernel Panic Records
Line-up :
Loïc Wiels (chant/guitare)
Yome Venice (chant/guitare)
Karin Gousset (chant/basse)
Erwan Colin (batterie)
Tracklist :
1. Sunset Kiss
2. Last Man Standing
3. She Said
4. Good Guy With A Gun
5. Intermission
6. Give It Away
7. The End
8. A.N.G.R.Y
9. Only The Dead
10. Lockdown Blues
11. TV Monsters
Enregistré par Loïc Wiels au studio Kernel Panic
Enregistrement des voix, mixage par Étienne Sarthou au Hemlig Studio
Masterisé par Magnus Lindberg
Artwork : Pierre Conzatti
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The Storyteller déferle 17 octobre 2025 sur Kernel Panic Records, le label maison du groupe.
Dès l'ouverture avec Sunset Kiss, les guitares roulent en vagues massives, la section rythmique frappe avec une belle assurance. Prémisse d’un album qui possède cette puissance contenue qui ne demande qu'à exploser.
The Storyteller est un album qui refuse de se laisser enfermer dans une case. Certes, le stoner rock constitue son ADN, mais Computers Kill People y injecte une diversité stylistique qui transforme chaque titre en expérience distincte. Last Man Standing étire des riffs bluesy et désertiques dignes des grands noms californiens, tandis que A.N.G.R.Y vous propulse dans un tourbillon punk nerveux, avec son urgence dévorante. Le morceau bondit, ricoche et ne laisse aucun répit. À l'opposé, She Said plonge dans une ambiance indie rock teintée de grunge, et déploie des transitions fluides qui évoquent un road movie mélancolique. Cette capacité à naviguer entre les extrêmes sans jamais perdre le fil conducteur constitue l'une des grandes réussites de l'album.
La reprise de Give It Away des Red Hot Chili Peppers mérite de s'y attarder. Le groupe s'empare du titre pour le métamorphoser en une créature sombre et visqueuse, une sorte de doom rampant enveloppé de nappes atmosphériques saturées. Le groove originel s'effondre sous le poids des guitares, transformant la joie californienne en un cauchemar industriel hypnotique. C'est audacieux et très efficace.
La production signée Étienne Sarthou au mixage et Magnus Lindberg au mastering offre à l'ensemble une densité remarquable. La batterie d'Erwan Colin martèle comme un cœur enragé, la basse de Karin Gousset ancre les compositions dans une lourdeur bienvenue, tandis que les guitares de Loïc Wiels et Yome Venice sculptent des riffs ciselés, taillés par des orphévres. Les breaks surgissent avec violence, les silences entre les morceaux créent des respirations stratégiques avant la prochaine déflagration. Lockdown Blues, notamment, avance avec une lenteur implacable, massif et inexorable, vous entraînant dans ses profondeurs avec une intensité qui vous fera suffoquer.
L'un des bouleversements majeurs de The Storyteller réside dans son approche vocale. Loïc Wiels, qui portait jusqu'ici l'essentiel du chant, livre ici une performance alliance puissance et justesse. Sa voix oscille entre rage contenue et vulnérabilité assumée. Mais ce qui frappe véritablement, c'est la dimension collective du chant. Yome Venice alterne avec aisance entre des grondements souterrains saturés et des envolées plus aériennes, apportant une texture rugueuse qui contraste magnifiquement avec les autres timbres.
Karin Gousset constitue la véritable révélation vocale de cet album. Sur The End et Lockdown Blues, son timbre clair et incisif, à la fois féminin et tranchant. Sa présence illumine ces morceaux d'une sensualité grave, qui ajoute une profondeur émotionnelle au son de Computers Kill People. Les trois voix s'entremêlent, se répondent, créent une polyphonie où chacun trouve sa place. Les harmonies vocales fusionnent ces timbres en un ensemble organique et vivant.
Les textes portent les questionnements face à un monde en pleine déliquescence : droits bafoués, storytelling médiatique qui manipule les consciences, société oppressante qui broie les individus. Les mots sont épurés, dépouillés de tout artifice, et ils cognent avec la même force que les riffs qui les portent.
The Storyteller fonctionne ainsi comme un journal intime, une forme de rock contestataire face à un système qui vacille. Le groupe choisit de crier, de résister par la musique. Et cette sincérité, donne à l'album une force émotionnelle très appréciable.
Les influences continuent d’être digérées pour être dépassées. Les références à Queens of the Stone Age, Fu Manchu, Monster Magnet ou Smashing Pumpkins, transparaissent de façon plus légère. Mais tout cela se fond dans une esthétique propre.
Les mélodies accrochent, les structures créent des parcours inattendus. Le groupe passe du stoner le plus brut au blues le plus désespéré, du punk énervé au doom hypnotique, sans jamais perdre la cohérence d'ensemble. The Storyteller respire, vit, explose à chaque instant, et vous emporte dans un flux musical qui ne retombe jamais.
The Storyteller forme un voyage intense, où chaque riff, chaque voix, chaque silence comptent.
Computers Kill People est fait pour ceux qui cherchent une musique qui cogne autant qu'elle questionne, qui sait être brutale sans perdre sa sensibilité.
Xavier