
Date de sortie : 24.10.2025
Label : Polydor
BON JOVI: FOREVER (Legendary Edition)
1. Red, White, and Jersey
2. Legendary (with James Bay)
3. We Made It Look Easy (with Robbie Williams)
4. Living Proof (with Jelly Roll)
5. Waves (with Jason Isbell)
6. Seeds (with Ryan Tedder)
7. Kiss The Bride (with Billy Falcon)
8. The People’s House (with The War & Treaty)
9. Walls Of Jericho (with Joe Elliott)
10. I Wrote You A Song (with Lainey Wilson)
11. Living In Paradise (with Avril Lavigne)
12. My First Guitar (with Marcus King)
13. Hollow Man (with Bruce Springsteen)
14. We Made It Look Easy / Hicimos Que Pareciera Fácil (with Carin León)
https://bonjovi.lnk.to/ForeverLegendaryEdition
Quarante années séparent les premiers accords de Bon Jovi de ce Forever (Legendary Edition). Ce projet est né d’une envie et d’une frustration : après une intervention chirurgicale sur ses cordes vocales. Jon Bon Jovi déclare : « Cet album est plus qu’une simple compilation de collaborations, c’est un album né d’une nécessité. Ma chirurgie des cordes vocales et la rééducation qui a suivi ont été un parcours bien documenté qui s’est déroulé pendant la sortie de Forever en juin 2024. Je chantais assez bien en studio pour l’enregistrement, mais les exigences vocales et les rigueurs des tournées étaient encore hors de ma portée. Sans la possibilité de faire des tournées et de promouvoir un album dont nous étions tous très fiers, j’ai décidé de faire appel à quelques amis pour m’aider dans cette période difficile. Ce sont tous d’excellents chanteurs, artistes et aussi des personnes formidables. Le résultat est un album avec un nouveau point de vue et un nouvel esprit, un album collaboratif qui prouve que nous pouvons tous nous en sortir dans ce monde avec un peu d’aide de nos amis. Je ressens une joie et une gratitude immenses à l’idée de sortir cet album et je pense que cela se ressent dans la musique. Je peux affirmer avec certitude qu’il y a toujours quelque chose de plus grand que MOI, et c’est NOUS ».
Le groupe aurait pu choisir le silence ou la nostalgie facile. Au lieu de cela, ils ont opté pour la métamorphose. Cette édition revisitée ne constitue pas une tentative désespérée de masquer les failles, mais une célébration du collectif. C'est une ode à la transmission où chaque collaboration est un acte de confiance et de soutien. Forever (Legendary Edition) est un album profondément humain, où la vulnérabilité se transforme en puissance créatrice.
Les invités sont là pour enrichir la musique de Bon Jovi. Bruce Springsteen apporte sa rugosité légendaire sur Hollow Man, transformant le morceau en méditation existentielle où l'harmonica dialogue avec les guitares dans une langue commune de doute et d'espoir. Jason Isbell sculpte Waves avec une sensibilité folk qui dévoile des territoires chargés d’émotions, avec un son de guitare mélancolique qui reste bien en tête.
Jelly Roll insuffle à Living Proof une authenticité brute, sa voix pleine d’expérience s'enlaçant parfaitement avec l'utilisation astucieuse de la talk-box, créant une texture sonore qui rappelle les grandes heures du rock sudiste. Avril Lavigne surprend sur Living In Paradise, ajoutant des nuances inattendues là où on aurait pu craindre le formatage. James Bay, Lainey Wilson, Joe Elliott, The War & Treaty, Marcus King, chacun apporte sa pierre à un édifice qui célèbre la fraternité musicale.
Forever (Legendary Edition) navigue avec une élégance rare entre tradition et exploration. Les arrangements privilégient la respiration, laissant chaque instrument occuper son espace sans saturer l'écoute. La production cultive une clarté qui met en valeur chaque détail : les guitares conservent leur grain, la batterie pulse, les voix enveloppent sans étouffer les instruments.
L'alternance entre moments énergiques et passages contemplatifs crée un flux naturel des plus agréables à écouter. Legendary fédère avec ses harmonies soignées et son contentement assumé face à la simplicité du quotidien. The People's House explose dans un gospel blues incandescent, hymne à l'unité sociale où des murs symboliques s'effondrent sous la puissance des chœurs.
L'album déploie une palette de chansons qui traversent les âges de la vie avec une sincérité désarmante.
Seeds explore des territoires plus atmosphériques où la métaphore botanique illustre la résilience humaine, cette capacité à percer le béton des obstacles pour atteindre la lumière. Les fissures ne sont pas des faiblesses mais des passages vers la lumière, chaque larme versée irrigue une croissance future. Cette philosophie imprègne l'ensemble du projet.
Red, White and Jersey ouvre le bal en ancrant l'histoire d'amour au New Jersey, ces lumières new-yorkaises contemplées à dix-sept ans devenant le fil conducteur d'une fidélité qui traverse les décennies. La chanson capture cette magie des premiers rêves fous, lorsque tout semble possible et que l'amour naissant s'apparente à un acte de rébellion douce.
Living Proof plonge dans les abysses de la rédemption familiale, explorant comment les cicatrices générationnelles se transforment en témoignages vivants de survie. Le dialogue entre père et fils s'y dessine comme une transmission de force brute, où la foi devient l'unique rempart contre le désespoir.
Hollow Man prolonge cette introspection en questionnant l'identité de l'artiste dépouillé de ses artifices : que reste-t-il lorsque les applaudissements se taisent et que la gloire révèle son vide ? L'humilité y devient paradoxalement source de création.
Waves capture avec intensité le regret des relations échouées, utilisant la métaphore maritime pour évoquer cette sensation de noyade dans les souvenirs. Ce moment où l'on réalise trop tard que les signes d'adieu étaient en réalité des appels au secours.
Kiss The Bride dévoile l'émotion paternelle face au passage du temps, ce moment solennel où l'homme qui fut Superman pour sa fille doit accepter de céder sa place. La beauté éphémère de l'instant se mêlant à la mélancolie douce du renoncement.
We Made It Look Easy célèbre la nostalgie des amitiés fondatrices, ces liens forgés dans l'insouciance adolescente qui résistent miraculeusement à l'usure du temps, avec Robbie Williams en invité sur la version anglophone.
La version espagnole Hicimos Que Pareceira Fácil avec Carin León amplifie cette dimension fraternelle en franchissant les frontières linguistiques.
Walls of Jericho transforme le chant en arme pacifique, invoquant la puissance fédératrice de la musique pour abattre les murs de la discorde.
I Wrote You A Song explore l'impuissance des mots face à l'immensité du sentiment amoureux, la création artistique devenant l'unique langage capable d'exprimer l'inexprimable.
My First Guitar révèle avec tendresse la naissance d'une vocation, cet instant où l'instrument devient une extension de soi, un compagnon de vie plus fidèle que l'humain.
Living In Paradise réaffirme que le bonheur authentique se construit dans la durée, que les châteaux s'effondrent mais que l'amour véritable renaît toujours de ses cendres.
Forever (Legendary Edition) accomplit ce que peu d'albums parviennent à réaliser : prouver que la longévité n'est pas synonyme de répétition. En transformant une épreuve physique en catalyseur créatif, Bon Jovi démontre que l'authenticité reste la plus puissante des armes artistiques. Ce disque ne cherche ni à reconquérir les sommets des charts ni à rivaliser avec les gloires passées. Il propose simplement une musique généreuse, profondément humaine, où la fragilité devient langage et où chaque note porte le poids paisible de la persévérance. Les compositions échappent aux modes éphémères pour toucher à l'universel.
Xavier