Date de sortie : 31.10.2025
Label : Black Waltz AB

 

https://www.facebook.com/avatarmetal
https://www.youtube.com/channel/UCyaPf0E-PRRZH3UvvxNPeEw
https://www.instagram.com/avatarmetal/
https://www.tiktok.com/@avatarmetalofficial
https://avatarmetal.tunelink.to/dontgointheforest
https://avatarmetal.com/



Avec Don't Go in the Forest, les Suédois d’Avatar s'enfoncent plus profondément dans les ténèbres, là où rôdent les démons les plus coriaces. L'invitation est claire, presque menaçante : osez pénétrer dans cette forêt obscure, mais n'espérez pas en ressortir indemne.

L'ouverture de l'album déjoue immédiatement les attentes. Une flûte énigmatique surgit dans Tonight We Must Be Warriors, tissant une atmosphère mystique avant que les guitares ne déferlent avec une légère saturation bien calculée. Cette entrée en matière trompeuse installe d'emblée l’ambiance : rien ne sera prévisible, chaque tournant réserve son lot de surprises. Le morceau possède cette énergie martiale et jubilatoire qui évoque un chant de guerre ancien, quasiment païen, avant que l'album ne bascule dans des territoires plus menaçants.

In the Airwaves déchire le voile avec une violence inouïe. La saturation vocale crache sa rage, les riffs tranchent l'air comme des couteaux bien rouillés, la batterie explose en déflagrations continues. Ce titre incarne la puissance brute du groupe, cette capacité à conjuguer vitesse foudroyante et précision maniaque. La production se révèle ici dans toute sa splendeur : chaque élément trouve sa place, où chaque son lacère avec netteté.

Le voyage prend ensuite des allures rituelles avec Captain Goat, qui ralentit le tempo pour installer une ambiance folk corrompue, hypnotique et viscérale. Ce chant chamanique vous saisit aux entrailles, comme une invocation à des forces primordiales. La basse lourde résonne tel un cœur battant dans les profondeurs, tandis que les guitares tissent une mélodie envoûtante. Puis vient le titre éponyme Don't Go in the Forest, véritable pépite de l'album : la voix de Johannes Eckerström propose un chant clair quasiment déclamé, les soli s'envolent dans des hauteurs aériennes presque psychédéliques. L'atmosphère vous engloutit, vous fait dériver entre angoisse et extase, entre la lumière qui perce timidement et l'ombre qui dévore tout.

Death and Glitz constitue l'une des propositions les plus audacieuses de l'album. Le morceau démarre sur des bases de sons très métalliques avant de virer vers un groove dansant, presque disco, qui crée un contraste saisissant. Cette célébration macabre évoque la manière dont les médias se repaissent des tragédies, transformant la mort en spectacle. La guitare y "parle" littéralement. Un titre au cynisme mordant avec cette fascination morbide pour le sensationnalisme. C'est glaçant, brillant, et étrangement irrésistible.

Le son plus classique d'Avatar refait surface avec Abduction Song, qui multiplie les accélérations vertigineuses et les changements de rythme. Les guitares acérées fusent à l'unisson, créant un impact très puissant.

L'album réserve encore des surprises : Howling at the Waves avec ce joli piano ouvre une parenthèse mélancolique, une balade tendue où l'émotion affleure sous la violence contenue. Cette exploration de nouvelles textures témoigne de la volonté du groupe de repousser les limites de sa créativité.

La folie reprend ses droits avec Dead and Gone and Back Again, dont le refrain obsédant vous hante longtemps après l'écoute. Les guitares ensorcelées tissent une toile horrifique, l'atmosphère fantomatique vous glace le sang. Take This Heart and Burn It pulvérise ensuite tout sur son passage avec une puissance primale, presque ancestrale. On y décèle quelque chose de rituel, de sacrificiel, comme si la musique elle-même devenait un acte de combustion purificatrice. Enfin, Magic Lantern referme le cercle sur une note nostalgique avec une saturation bien moderne.

Johannes Eckerström déploie sur cet album une palette vocale d'une richesse stupéfiante. Du murmure envoûtant au hurlement déchirant, du chant clair aérien à la saturation rageuse, il incarne littéralement chaque personnage des récits macabres de cet album. Sa voix devient tour à tour instrument de séduction, arme de destruction, et voix narrative d'un conteur possédé. Chaque nuance renforce l'immersion dans ces univers inquiétants. Johannes possède cette capacité rare à faire cohabiter l'extravagance et l'authenticité dans ses interprétations, le grotesque et le profond.

Les textes plongent sans détour dans les recoins les plus sombres de l'imaginaire. Tonight We Must Be Warriors évoque la solidarité face à l'adversité, un soulèvement collectif contre les forces oppressives. In the Airwaves dépeint l'horreur d'expérimentations déshumanisantes, un enfant-cobaye prisonnier des ondes, métaphore glaçante de notre surveillance généralisée. Captain Goat invoque une figure païenne, guide démoniaque qui pilote une embarcation vers des rivages inconnus et dangereux.

Le titre éponyme distille l'angoisse de l'intrusion dans un territoire interdit, où les ombres prennent vie et vous traquent.

Death and Glitz dénonce avec acidité l'exploitation médiatique des tragédies féminines, ces corps devenus marchandises pour le sensationnalisme. Abduction Song explore le trauma de l'enlèvement extraterrestre, l'impuissance face à l'inexplicable. Howling at the Waves capture un moment de communion violente avec la nature, entre euphorie et terreur. Dead and Gone and Back Again raconte la malédiction d'un esprit vengeur qui revient inlassablement, prisonnier d'un cycle infernal. Take This Heart and Burn It met en scène un sacrifice sensuel et destructeur sur une île maudite. Enfin, Magic Lantern médite sur la mémoire qui s'efface, les souvenirs qui deviennent des spectres projetés sur les murs de notre conscience.

Chaque chanson a sa propre mythologie, sa légende. Avatar construit ici un univers cohérent où l'horreur côtoie la beauté, où le fantastique sert de miroir à nos angoisses les plus intimes.

Cet album marque une plongée introspective radicale. Là où le précédent disque célébrait l'excès et la fête macabre, Don't Go in the Forest préfère les atmosphères oppressantes, les silences lourds de menaces, la solitude face aux forces qui nous dépassent. Pour autant, Avatar reste ce cirque infernal que l'on connaît, mais il creuse désormais des galeries plus profondes, explore des émotions plus complexes.

Avatar dans la narration théâtrale, propose une énergie brute, des ambiances gothiques, avec une dimension rituelle et spectaculaire. Le groupe vous fait découvrir un chaos organique et continue de forger un son résolument personnel.

Don't Go in the Forest a cette audace dans ses compositions, cette richesse de la production, cette intensité dans les interprétations et cette profondeur des thématiques en font une œuvre à part et puissante. La densité de l'ensemble exige une écoute attentive. Quelle réussite.

Don't Go in the Forest vous entraîne dans un voyage dont vous revenez différent, marqué par les visions cauchemardesques et les beautés interdites qu'il déploie. Avatar signe ici un nouveau monument métal qui conjugue violence et poésie, brutalité et sophistication. La forêt vous appelle.

 

Xavier