Date de sortie : 12.09.2025
Label : Out of line
TRACKLIST
01. You Were Always Here
02. Meet Again
03. Chimera
04. Crystal Tears
05. Oblivion
06. Chimera’s Theme
07. Cover Me Red
08. Altering
09. Desire
10. Sacrifice
11. Clone of a Clone
12. Living in Reverse
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Depuis sa formation en 2021, le quatuor parisien ASHEN a progressivement façonné son identité dans les marges du metalcore contemporain. Après avoir posé les jalons avec l'EP Angel et multiplié les concerts jusqu'au Hellfest, le groupe franchit une étape décisive avec Chimera, leur premier album. Ce premier long format de quarante minutes réunit douze compositions qui interrogent la nature même du métal moderne : peut-on encore surprendre en 2025 ? La réponse tient en une formule : accepter l'instabilité comme principe créatif.
Une architecture sonore en mouvement perpétuel
L'ouverture avec "You Were Always Here" installe une tension palpable, une atmosphère quasi spirituelle qui laisse présager le basculement imminent. Dès "Meet Again" et le morceau-titre "Chimera", la démarche se précise : fusionner les structures metalcore traditionnelles avec des incursions électroniques, des rythmiques hip-hop et des mélodies qui empruntent autant au rock alternatif qu'aux territoires plus sombres du métal progressif. Les guitaristes Niels Tozer et Antoine Zimer sculptent des riffs tranchants qui oscillent entre précision chirurgicale et saturation totale, tandis que Tristan Broggia impose une batterie versatile, capable de passer du blast furieux à des patterns plus mesurés.
"Crystal Tears" incarne parfaitement cette dualité : violence concentrée et sensibilité s'entremêlent dans une construction qui refuse tout schéma prévisible. Juste après, "Oblivion" déstabilise avec son approche R&B sublimée par des nappes synthétiques et un solo de guitare qui s'étire comme un cri intérieur. Cette liberté formelle traverse l'ensemble du disque. "Cover Me Red" décharge une énergie brute sans compromis, "Altering" joue sur les contrastes vocaux avec finesse, tandis que "Clone of a Clone" multiplie les ruptures rythmiques et émotionnelles dans un équilibre constamment menacé.
Une voix protéiforme au service de l'authenticité
Clem Richard incarne l'âme tourmentée d'ASHEN. Son chant explore tous les registres : rugissements déchirants, passages clairs d'une fragilité désarmante, flows scandés qui évoquent parfois le rap, growls vertigineux, chant clair... Cette polyvalence n'est jamais gratuite ; elle traduit une nécessité, celle de donner corps à des émotions contradictoires. Les textes prolongent cette recherche : transformation des blessures en force motrice, confrontation avec un reflet devenu étranger, quête d'une version transcendée de soi-même. Sur "Sacrifice", en compagnie d'Aaron Matts de Ten56, la rage explose sans filtre. À l'inverse, "Living in Reverse" clôt l'album sur une note apaisée, presque rédemptrice, où des sonorités acoustiques et des bruits de nature suggèrent une forme de paix retrouvée après la tempête.
Un premier acte déjà majeur
La production assume chaque choix : murs sonores denses, effets électroniques intégrés aux compositions, transitions abruptes qui vous maintiennent en alerte permanente. ASHEN compose sa propre version du métal moderne. L'album respire l'honnêteté et porte en lui cette conviction que le métal peut encore être un vecteur de catharsis authentique.
Chimera ne représente pas une simple entrée en matière, c'est évident : c'est une déclaration d'intentions assumée, un disque qui transforme la vulnérabilité en puissance créative. ASHEN prouve qu'être hybride n'est pas une faiblesse, mais une manière d'exister pleinement dans un paysage musical en constante mutation. Ce miroir aux multiples facettes reflète autant qu'il fracture, et c'est précisément cette tension qui en fait toute la valeur.
Xavier