Date de sortie : 26.04.2024
Label : Hammerheart Records

 

ACOD revient de l'au-delà pour nous raconter son voyage : "Versets Noirs". « Cachée de tout le monde, une sororité de sorcières doit trouver l’élu dans l’au-delà. Maintenant, la journée se termine lentement et la nuit tombe sur l’humanité. Elles l’ont trouvé, mais un seul peut changer le cours de l’histoire.
Accablée de peur, empruntée aux mélodies mélancoliques et méditerranéennes, votre âme voyagera au cœur de différentes époques, croisant sans cesse le chemin des sorcières. »

Photo Credit: Cana Prod

Une trame narrative aux résonances prophétiques qui plane sur l'ensemble de ce sixième opus maudit du combo français.

C'est dans ces ambiances occultes que ACOD nous convie à un périple sombre et envoûtant au travers de "Versets Noirs". Un album sur lequel le groupe déploie un blackned death metal massif et parfois dérangeant, porté par ce riche concept ésotérique autour des sorcières. Une quête initiatique placée sous le sceau du maléfice dès "Habentis Malefica" et ses 20 minutes abyssales.

Ce titre titanesque qui donne le ton et instaure d'emblée une atmosphère lourde et envoutante, mêlant avec brio les éléments traditionnels du black metal ( riffs tranchants, blasts ravageurs, vocaux caverneux) à des incursions plus expérimentales. On y découvre notamment des vocalises féminines spectrales, des chœurs ou encore des rythmiques tribales marquées, ajoutant une dimension rituelle quasi chamanique au titre.

Un énorme travail sur les ambiances qui se poursuit tout au long de "Versets Noirs", où ACOD fait preuve d'une créativité débordante dans l'exploration des ambiances. Le disque alterne avec brio les déferlantes blackened death metal et les séquences aux accents symphoniques plus contemplatifs, créant des contrastes saisissants.

On le ressent par exemple sur l'entêtant "The Son of a God", qui démarre sur un rythme frénétique aux guitares acérées, avant de basculer vers un mid-tempo hypnotique aux relents de black metal. Ou encore sur "A Thousand Lives In A Second", où les vocaux graves et rauques, presque inhumains, confèrent une aura dérangeante à la composition. Le son vous racle les tympans avec ferveur.

"May This World Burn" est un véritable avènement du chaos apocalyptique. Après une intro grandiose aux accents symphoniques, le titre nous plonge dans une tempête sonore d'une rare densité, vous martelant de ses rythmiques frénétiques et de ses riffs écorchés. Un bref répit en guise d’intermède au milieu du morceau vous permet de souffler, avant une dernière descente aux enfers d'une violence inouïe. Le groupe affectionne les contrastes, faisant côtoyer les passages les plus brutaux avec des séquences très atmosphériques.

Vous serez charmés par la passion et la créativité dont fait preuve ACOD. Le combo parvient à manier les ambiances tourmentées avec une habileté redoutable, mariant la furie extrême, la mélancolie, l’agressivité brûlante et les mélodies envoutantes aux accents symphoniques. Vous retrouverez des atmosphères puisant dans les racines méditerranéennes du groupe pour mieux les tordre en un grand voyage initiatique. Il s'en dégage un charme singulier, à la fois séducteur, agressif et puissant.

Le disque se clôt sur une revisite réussie du classique de Samael "Black Trip", permettant d'apprécier la signature d'ACOD. Tout en rendant un hommage appuyé à Samael. Une dernière touche sublime, qui résume l'essence de cet opus et referme les portes de l'au-delà.

Avec "Versets Noirs", ACOD signe un disque d'une noirceur abyssale, mais également d'une richesse fascinante. En explorant avec talent de multiples ramifications du black/death metal occulte, des ambiances les plus brutales aux envolées les plus atmosphériques, les Français nous plongent dans les méandres d'un voyage initiatique oppressant et pourtant d'un charme singulier. Enfoncées dans ces méandres, la brutalité et l'élévation sont drapées d'un voile noir. Indispensable pour les amateurs de grandiloquence ténébreuse.

Xavier

Photo Credit: Cana Prod