Date de sortie : 21.02.2025
Label : Candlelight

1. A Legacy of Sores
2. Pyramidia Liberi  
3. Truth is as Sharp a Sword as Vengeance
4. Blau ist die Farbe der Ewigkeit
5. Razors of Occam
6. Vomiting at Baalbek

https://abduction616.bandcamp.com/album/existentialismus 
https://www.facebook.com/abduction616 
https://www.candlelightrecords.co.uk/ 


En résumé : Existentialismus d'ABDUCTION est un album de black metal qui, avec sa production dense et son chant varié, offre une critique acerbe de la société moderne. Il dépeint un monde en déliquescence morale où les valeurs s'effondrent face au consumérisme et à la technologie.

 

 

 

ABDUCTION fait son retour avec Existentialismus. Pour la première fois enregistrée avec tous ses membres après des débuts en tant que projet solo d'A|V en 2015, cet opus vous propose une réflexion abyssale sur notre monde contemporain et la déliquescence des valeurs morales. Vous serez face à un miroir dans lequel se reflètent les angoisses d'une époque en pleine décomposition.

Dès les premières notes de A Legacy of Sores, l'album impose son atmosphère suffocante avec des guitares acides et lancinantes. La production, confiée à Ian Boult (Stuck On A Name Studios, Nottingham) pour l'enregistrement et à Tore Stjerna (Necromorbus Studios, Suède) pour le mastering, offre une densité impressionnante.

Bien qu'ancré solidement dans un black metal traditionnel, Existentialismus possède des touches progressives, tandis que certains passages suggèrent des incursions death metal et post-black. Complexité, puissance et rythmes élaborés enrichissent les compositions.

Le chant d'A|V constitue l'un des points forts de l'album. Il déploie une impressionnante variété de techniques vocales : cris aigus rappelant le DSBM, growls caverneux évoquant le death metal, rugissements bestiaux, et même des passages en chant clair aux teintes quasi liturgiques sur Razors of Occam.

Le désenchantement d'un monde en ruines : Existentialismus dépeint sans concession une humanité fragilisée, "étranglée par la mollesse" (A Legacy of Sores), où les valeurs ancestrales se dissolvent dans la technologie. Le constat d’une génération sans convictions profondes, à l'image d'une coquille vide. L'album explore l'effondrement d'un empire moral et environnemental, qui emmène la civilisation vers la déliquescence.

L'album est un réquisitoire contre le consumérisme effréné, la technologie omniprésente et le narcissisme contemporain. Pyramidia Liberi explore la nostalgie toxique et l'autodestruction collective avec des images apocalyptiques. Tandis que Vomiting at Baalbek assène un constat brutal : "Seule la mort est réelle". Cette vision sombre s'accompagne toutefois d'une quête de sens à travers les métaphores des religions anciennes, créant un dialogue fascinant entre passé et présent, entre destruction et potentielle renaissance.

A Legacy of Sores : le morceau d'ouverture pose immédiatement l'atmosphère de l'album avec un black metal implacable. Les paroles évoquent une humanité fragilisée, comme si la chair et les émotions se délitent sous le poids de la modernité. Les riffs incisifs et le chant écorché créent un saisissant contraste.

Pyramidia Liberi : ce titre nous plonge dans une ambiance quasi mythologique, rythmée par des invocations aux sagesses ancestrales. La composition crée une atmosphère rituelle où le chant oscille entre déclamation et incantation. Les changements de tempo constants et l'ambiance suffocante évoquent l'effondrement d'un monde sous le poids de ses propres contradictions.

Truth is as Sharp a Sword as Vengeance : mêlant samples de séances thérapeutiques et mélodies post-black tourmentées, ce morceau se démarque par ses textes chargés de symbolisme. Les références à des figures mythologiques comme Sisyphe explorent l'idée que la vérité, aussi douloureuse soit-elle, peut devenir une arme de révolte contre l'hypocrisie ambiante. Les guitares, à la fois massives et tranchantes vous guident pour lutter et soutiennent le désir de protéger la curiosité face à un avenir sombre.

Blau ist die Farbe der Ewigkeit : avec son titre allemand signifiant "Le bleu est la couleur de l'éternité", ce morceau aux sonorités mélancoliques et hypnotiques évoque la lente désintégration d'une civilisation. Une ambiance lourde et méditative. Les textes suggèrent la récurrence des crises.

Razors of Occam : évoquant le principe philosophique du rasoir d'Occam, ce titre surprend avec une intro doom mélancolique et des chœurs clean avant de basculer dans une brutalité implacable. Il rend hommage au labeur des générations passées tout en questionnant notre capacité à discerner l'essentiel dans un monde saturé d'informations. Les éléments progressifs enrichissent considérablement la palette sonore du groupe.

Vomiting at Baalbek : avec plus de onze minutes d'une intensité extrême, ce morceau épique constitue une véritable déferlante sonore. Entre riffs atonaux, transitions abruptes et même des sonorités évoquant la cornemuse, il exprime un dégoût viscéral face au consumérisme et au narcissisme contemporains. Un mantra nihiliste.

La pochette de l'album, réalisée par l'artiste Julia Soboleva, complète magistralement l'univers d'Existentialismus. À la fois hypnotique et troublante, l'œuvre visuelle reflète parfaitement l'ambivalence de l'album : un mélange de sacré et de décadence, d'ancestral et de contemporain.

Existentialismus est une œuvre d'art totale, tant par sa maîtrise technique que par sa profondeur conceptuelle. En fusionnant tradition et innovation, ABDUCTION signe un album qui interroge sur les dérives de notre époque.

Entre désespoir et quête de sens, Existentialismus combine réflexion et furie sonore. Dans un monde en pleine mutation, Existentialismus résonne comme un cri, face à une société qui préfère détourner le regard au lieu d’affronter sa propre décadence.

 

Xavier