Date de publication : 19.03.2025
Editeurs : Editions Oxymore

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Scénario : Jean Luc Istin
Dessin : Nicolas Demare 
Couleurs : Vincent Powell & Amélie Picou

 

 

La saga West Fantasy n'a jamais été tendre avec ses lecteurs. Depuis son premier tome, elle a imposé un univers où le Far West poussiéreux se marie à une magie sauvage, à une légère technologie steampunk. Les personnages ambigus ont tous subi de graves traumatismes et les coups de feu qui résonnent comme des sentences. Avec ce cinquième volume, L'assassin, le ronin et la catin, Jean Luc Istin et Nicolas Demare achèvent un chapitre épique avec la violence et la poésie qui ont fait la marque de fabrique de la série.

Ce volume clôt une aventure dans laquelle la morale a depuis longtemps déserté les plaines. Ici, des survivants, des menteurs et des armes qui parlent plus vite que les consciences. L'intrigue, portée par un scénario ciselé de Jean Luc Istin, multiplie les rebondissements jusqu'à la dernière case. Les trahisons s'enchaînent, les corps tombent.

 

Soeur M, la nonne dissidente, Atsuka, le ronin hanté par son code d'honneur, et Serena, la catin en cavale, se retrouvent pris dans une danse macabre où chaque choix s'enchaine avec un bruit de revolver. Ces personnages complexes, souvent ambigus, sont capables du meilleur comme du pire. Sont-ils en quête de rédemption ou simplement des manipulateurs habiles, prêts à tout pour atteindre leurs objectifs ? La question reste longtemps en suspens, et c'est là toute la force de cette série.

Jean Luc Istin a eu la bonne idée de rajouter des pages de texte juste avant le dernier chapitre. Ce court récit, sous forme de flash-back, approfondit les émotions et les blessures de ces âmes perdues. Loin de ralentir le rythme, ce texte ajoute une épaisseur tragique à l'ensemble et permet de mieux saisir les motivations et les obsessions des protagonistes.

Nicolas Demare, au dessin, livre une performance magistrale. Ses planches respirent le chaos et la beauté crue de cet Ouest maudit : la poursuite à cheval de Séréna, cinématographique, le combat au sabre d'Atsuka est subtilement chorégraphié au milieu de ce déchaînement de violence sur 4 cases. Sans oublier la découverte du totem, qui est un moment intense de votre lecture.

La précision des traits, le jeu des ombres et des lumières et cette capacité à rendre chaque scène vivante contribuent à l'immersion totale dans cet univers sauvage et magique. Les couleurs de Vincent Powell et Amélie Picou subliment le tout. Leur palette, parfois brûlée par le soleil, renforce l'ambiance de fin du monde qui émane de chaque planche.

Et puis, il y a le bambin. Ce petit être énigmatique que nous vous laissons découvrir, protégé par un ronin taciturne, ne manquera pas de faire sourire les fans de The Mandalorian. Le duo, entre silences lourds et regards échangés, évoque irrésistiblement Grogu et son protecteur. Hommage assumé, clin d'œil malicieux ou simple hasard ? La question méritera d'être posée aux auteurs… Quoi qu'il en soit, cette relation ajoute une touche d'humanité fragile dans un récit où le sang coule plus souvent que les larmes.

La surprise de la dernière page : Alors que nous pensions tourner la dernière page avec tristesse, une surprise nous attendait : deux planches en noir et blanc, qui ouvrent la voie à un sixième tome et à un nouvel arc narratif. Cette annonce est un vrai plaisir. L'univers de West Fantasy est trop riche, trop foisonnant de mythes inexplorés et de personnages à dévorer, pour s'arrêter ici. Jean Luc Istin a semé des graines de légendes futures : cultes ancestraux, créatures oubliées, et peut-être même une lueur de rédemption pour ces anti-héros cabossés.

West Fantasy est une série qui a tenu ses promesses de bout en bout. Les quatre premiers tomes nous avaient déjà conquis, et ce cinquième opus ne fait que confirmer notre enthousiasme. L'univers créé est d'une richesse stupéfiante, mélangeant sans complexe influences japonaises, mythologies amérindiennes et rudesse du western.

L'assassin, le ronin et la catin est un tome qui assume sa sauvagerie avec un certain panache. Entre scènes d'action et moments de tension, il prouve que la série n'a rien perdu de sa virulence. Les amateurs de récits brutaux et poétiques seront ravis.

Avec ce cinquième opus, West Fantasy confirme qu'elle est l'une des séries les plus audacieuses du moment, là où le western rencontre le fantastique sans compromis. Et si la morale a déserté ces terres, les auteurs, eux, ont gardé la leur : celle de ne jamais épargner leur public.

Le ton adulte et impitoyable, la qualité remarquable du dessin et l'intensité narrative font de ce tome une conclusion magistrale. Vivement le tome 6, pour y replonger avec avidité, comme on retourne aux côtés de ces personnages ambivalents, cruels, dangereux ou assoiffés de vengeance.

 

Xavier