Date de sortie : 08.01.2025
Editeur : Soleil
Scénariste : Simon Treins
Illustrateur : Jovan Ukropina
Coloriste : Stéphane Paitreau
EAN : 9782302100947
Dimensions : 23.2 x 32.3 x 1.2 cm
Nombre de pages : 56
https://www.editions-soleil.fr/bd/series/serie-randolph-carter/album-randolph-carter-t02
Au cœur d’un désert aride, battu par des vents chargés de murmures anciens, Randolph Carter s’enfonce, inconscient du piège qui se referme. Ses guides, manipulés par des entités aux chuchotements tentaculaires, ne sont que des marionnettes. Leur véritable maître ? Une puissance tapie dans l’ombre.
Randolph Carter, plonge ici dans une Syrie déchirée par les conséquences de la Grande Guerre. Il va poursuivre sa quête de Kadath, la « ville sans nom », au cœur d’un désert hanté par des forces ancestrales. Ce deuxième volet s’enracine dans un Orient tumultueux, où les intrigues coloniales se mêlent à des cultes maudits cherchant à ressusciter une entité cosmique.
Des personnages pris dans l’engrenage du chaos : Randolph Carter, aveugle aux trahisons et fidèle aux ordres, avec ses compagnons, avance sans se douter que leur général, aux ambitions ésotériques, manipule leur mission.
Jovan Ukropina excelle à traduire cette fusion entre réel et onirique. Les premières pages sont ancrées dans un réel presque rassurant avec ces scènes de marché et la visite chez le général. Mais l’horreur lovecraftienne transpire dans chaque case, jusqu’au point de bascule.
Le désert n’est pas un simple décor : il grouille de menaces invisibles. Les Chiens de Tindalos, surgissent dans une séquence qui plaira aux connaisseurs de l’œuvre de H P Lovecraft. Un Chtonien, monstre emblématique, est « superbement » représenté. Ces créatures, et d’autres monstruosités, corrompent l’esprit, laissant les personnages (et vous aussi) face à une terreur indicible.
Jovan Ukropina excelle à traduire cet univers fantastico-horrifique. Son trait, à la fois précis et organique, donne vie à des architectures impossibles et des créatures difformes. Les couleurs de Stéphane Paitreau — ocres brûlés, bleus nocturnes tachés de pourpre —vous emmènent dans une ambiance de fin du monde. Chaque détail participe à une angoisse grandissante.
Simon Treins tisse une trame narrative haletante, où chaque révélation en entraîne une autre, plus troublante. Le rythme, soutenu, mais jamais précipité, laisse place à des moments de tension pure. La fin ouverte promet des révélations monstrueuses dans les prochains tomes.
Par delà les portes d’ivoire et de corne confirme le talent des auteurs à réinventer le mythe créé par HP Lovecraft. Entre épopée onirique et horreur viscérale, ce tome est une réussite totale, mêlant intelligence narrative et prouesses graphiques. Les amateurs d’effroi métaphysique et de récits labyrinthiques y trouveront leur compte… à condition de survivre à la lecture. Tandis que les néophytes seront happés par cette plongée dans un Orient fantasmé et cauchemardesque.
Préparez-vous : une fois les portes franchies, il n’y a plus de retour possible.
Xavier