https://www.dargaud.com/bd/la-route/la-route-la-route-bda5512960

 

Roman graphique/160 pages

Date de parution : 29/03/2024

EAN 9782205208153

 

<b><i>La Route</i></b>, roman de Cormac Mc Carty édité à plus de 800 000 exemplaires, a reçu le prix Pulitzer en 2007 et a été adapté au cinéma en 2009 par John Hillcoat avec Vigo Mortensen dans le rôle principal, ainsi que Charlize Theron , Kodi Smit-McPhee , Robert Duvall , Guy Pearce, Michael Kenneth Williams...

 

Manu Larcenet s'attaque à un roman post apocalyptique et dystopique. Le propos est dur, l'ambiance sombre, l'espoir absent. Ce qui n’empêche pas l'auteur de s'amuser : une poupée vaudou en forme d'Homer Simpson, un pendentif avec un Minion, une peluche d'Axolotl, etc.

 

Nous allons partir sur une longue route, à pied où un père et son fils tentent de survivre. Que s'est-il passé ? Personne ne le sait exactement. Quoiqu'il en soit : la civilisation a disparu. Le ciel est chargé de cendres. Les animaux ont disparu. Parmi les survivants, des bandes se sont constituées pour piller. La question de la survie est si primordiale que le cannibalisme est monnaie courante.

Assaillis par cette horreur permanente, le père et son fils (dont nous ne connaîtrons jamais les noms) essayent d'échapper au pire. Mais comment faire quand il ne reste que 2 balles dans un revolver et un vieux caddy pour transporter le peu de ressources qui restent ?

Faut-il s'attendre à avoir de l'aide, de la compassion, du soutien de la part de ses concitoyens ? Bien au contraire. L'expression l'homme est un loup pour l'homme est mise en application à chaque instant. L'autre est une potentiel chance de survie seulement si vous lui volez ses denrées alimentaires ou que vous le mangiez au sens littéral du terme.

Où est passée la morale ? Elle a disparu depuis longtemps. La seule chance pour ce qu'il reste de cette famille de prolonger sa triste existence : aller vers le sud, voir la côte.

Mais à quoi bon prolonger ces souffrances insoutenables ? Est-ce que tous les hommes sont définitivement devenus mauvais, hostiles et dénués de toute empathie ? Il semblerait que oui et que cette réponse soit définitive.

 

Manu Larcenet a réalisé un travail colossal pour résumer en 160 pages ce roman de Corman Mc Carty. La relation père-fils est décrite avec tant de force que vous allez vibrer avec ces deux protagonistes à chaque page. Vous aurez peur, froid avec eux. Quand la chance leur sourira, vous saurez comme eux, qu'il ne sera pas possible d'en profiter très longtemps. Et que la douleur, le froid et l'angoisse sont inévitables, car rester au même endroit c'est se condamner.

 

Le soin apporté au dessin, très fin par Manu Larcenet, avec quelques jeux de couleurs, a un effet très fort. Un changement de teinte sur le fond de la case et vous changez d'émotion : angoisse, anxiété, peur panique, dégoût ... Manu Larcenet ne vous épargnera rien.

Le monde de <b><i>La Route</i></b> a perdu tous ses repères. L'homme n'est que source de mort, d'actes ignobles. Vous verrez le côté le plus obscur de l'humanité dans ces pages. Cela a aussi pour effet de renforcer notre attachement à ce père et ce fils qui luttent au quotidien. Après tous ces efforts, ces épreuves, n'auraient-ils pas droit à un repos bien mérité ?

 

Mais là où le bas blesse, c'est qu'il n'y a qu'un repos éternel qui semble pouvoir les libérer de leur condition. Et cette option n'est pas envisageable. Après tous ces obstacles surmontés, il y a toujours une volonté qui les fait avancer.

Calfeutrés dans leurs haillons, les expressions de leurs visages sont éloquentes. La minutie avec laquelle Manu Larcenet remplit ses cases fait de chaque page un événement. Vous aurez envie, plus d'une fois d'arrêter le temps, pour donner un peu de répit aux personnages. Ou au contraire, vous allez vouloir accélérer le cours du temps pour qu'un moment pénible disparaisse au plus vite.

C'est un dessin très vivant que vous rencontrerez.

 

L'avertissement mis en 4ème de couverture est criant : « réfléchis à ce que tu mets dans ta tête, parce que ça y restera pour toujours ». Nous vous conseillons de vous mettre cette incroyable bande dessinée dans la vôtre.

 

Xavier