Date de parution : 14.04.2021
Editeur : Editions Delcourt
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Célestin et le cœur de Vendrezanne est le troisième tome de la série Les Contes de la Pieuvre, créée par Gess et publiée aux éditions Delcourt. Cette série, qui mêle polar et fantastique, vous plonge dans un Paris populaire et mystérieux de la fin du XIXe siècle, où une organisation criminelle, la Pieuvre, règne en maître. Chaque tome explore l’histoire d’un personnage doté d’un talent surnaturel, tout en tissant des liens subtils entre les récits. Gess, à la fois scénariste, dessinateur et coloriste, a réussi à recréer un Paris disparu, où le réel et le fantastique se croisent en permanence, pour ceux qui savent regarder au bon endroit.
Le dessin de Gess vous emmène en voyage. Les planches de Célestin et le cœur de Vendrezanne sont d’une richesse visuelle exceptionnelle, avec des ambiances colorées qui transmettent parfaitement l’essence des scènes. Les variations chromatiques, parfois subtiles, parfois éclatantes, reflètent les émotions et les tensions du récit. Le basculement entre le réel et le fantastique est particulièrement bien rendu, avec des transitions graphiques qui vous plongent dans un univers onirique et inquiétant.
L’histoire s’ouvre sur Célestin, un jeune serveur discret travaillant à l’auberge de la Pieuvre, un repaire de la pègre parisienne. Doté d’un don unique – celui de voir la véritable nature des gens –, Célestin préfère garder ce talent secret pour éviter les ennuis. Mais sa vie tranquille bascule lorsqu’il croise la route de Daumale, un gamin des rues poursuivi par la Pieuvre. Celestin n’en a pas encore conscience mais leurs destins sont désormais liés. Sans trop en dévoiler, disons que cette aventure entraînera Célestin dans les méandres d’un Paris fantastique, où chaque rue, chaque ombre, semble receler un mystère ou un danger mortel.
Les relations entre les personnages de Célestin et le cœur de Vendrezanne sont au cœur du récit, ajoutant une profondeur émotionnelle à l’intrigue. Célestin, bien que discret et réservé, se révèle être un personnage d’une grande sensibilité, dont le don lui permet de percevoir les failles et les secrets de ceux qui l’entourent.
Les interactions avec les membres de la Pieuvre, notamment les patrons de l’organisation, ajoutent une tension constante, révélant des rapports de pouvoir, de trahison et de loyauté ambigus. Ces dynamiques relationnelles, teintées de réalisme et de poésie, enrichissent le récit en explorant des thèmes universels comme la confiance, la trahison et la quête d’identité.
Le fantastique dans Célestin et le cœur de Vendrezanne est subtil et envoûtant, s’immisçant dans le quotidien des personnages avec une fluidité remarquable. Gess utilise des éléments surnaturels pour explorer les peurs et les désirs cachés de ses protagonistes. Le cœur de Vendrezanne, objet central de l’intrigue, est à la fois mystérieux et menaçant, symbolisant les forces obscures qui rôdent dans les bas-fonds de Paris. Les scènes dans les égouts, au debut de la bande dessinée, vont vous marquer : c’est cru, dur, sans concession. Le ton est donné. Dans ces pages se retrouvent déjà mêlées horreur et poésie. Gess joue avec les frontières entre le réel et l’imaginaire, créant un univers où chaque détail – une ombre, un reflet, un murmure – peut basculer dans le fantastique. Ce Paris du XIXe siècle, à la fois historique et fantasmé, devient un personnage à part entière, un décor vivant qui renforce l’atmosphère mystérieuse et inquiétante de l’histoire. Le fantastique, loin d’être un simple artifice, sert ici à explorer les profondeurs de l’âme humaine et les mystères insondables de la ville lumière.
Célestin et le cœur de Vendrezanne est une bande dessinée qui marie avec brio le polar historique et le fantastique. Gess nous offre une œuvre visuellement magnifique, portée par un scénario riche en rebondissements et en émotions. Ce tome confirme la singularité de la série Les Contes de la Pieuvre, qui continue de captiver les amateurs de récits fantastiques, féériques et poétiques.
Xavier